Madame la sénatrice, vous m’interrogez sur la décision que j’ai annoncée de faire passer la limitation de vitesse sur les routes bidirectionnelles sans séparateur central de 90 kilomètres par heure à 80 kilomètres par heure.
Dès que j’ai évoqué cette mesure et quand je l’ai rendue publique, j’avais parfaitement conscience qu’elle aurait pour conséquence une impopularité notoire pour celui qui en était à l’origine, et, plus encore – car, au fond, ce n’est pas l’essentiel –, susciterait du scepticisme, peut-être de l’incompréhension et une forme d’agacement, voire, parfois, même si ce n’était pas le ton de votre question, de la colère.
Le sujet est suffisamment complexe et sérieux pour que je vous communique les chiffres définitifs pour l’année 2017, qui viennent d’être publiés. Au cours de l’année 2017, ce sont très exactement 3 693 personnes qui ont trouvé la mort sur les routes françaises. Cela concerne la métropole et l’outre-mer.
En effet – vous le savez sans doute si ce sujet vous intéresse –, pendant très longtemps, il a été décidé, pour des raisons que j’ignore, de ne diffuser que les chiffres concernant la France métropolitaine en omettant les tués sur la route en outre-mer. À ces 3 693 morts, il faut ajouter 77 476 blessés, dont plus de 25 000 blessés graves, ceux que l’on appelle parfois les blessés à vie.
Dans le Rhône, votre département, madame la sénatrice, au cours de l’année 2017, quelque 58 personnes ont trouvé la mort et 2 735 ont été blessées. C’est un peu moins de morts que pour l’année 2016 – trois ! –, mais cela représente 10 % de blessés en plus.
Le coût humain est considérable, tout comme l’est le coût individuel familial. Il en est de même du coût collectif. Pardon d’évoquer ces données de nature budgétaire – c’est peu de chose par rapport au reste –, mais il faut tout de même le faire : on estime entre 32 et 40 milliards d’euros – cela dépend du mode de calcul – le préjudice annuel lié à la surmortalité sur les routes. C’est énorme. Ce n’est pas le motif de la limitation, mais il faut le prendre en compte.