Cet amendement, qui s’inscrit dans le droit fil des précédents, a pour objet d’interdire le tri ou le classement des candidatures via un algorithme, au-delà de la sélection par la seule voie algorithmique, par ailleurs prohibée par la CNIL et la loi Informatique et libertés.
Cet amendement vise à éviter que les établissements, d’une part, ou Parcoursup directement, d’autre part, ne procèdent à une sélection détournée en organisant une remontée de dossiers pré-évalués sur la base d’un algorithme. De fait, on se doute bien que si la plateforme ou les établissements se mettent à classer les candidatures avant leur examen, cela va clairement influencer la phase de sélection postérieure.
Imaginons qu’une filière exige, pour l’admission, une note minimale dans trois matières au lycée. Si le secrétariat de la filière reçoit de 400 à 500 candidatures, il pourra être tentant de mettre en place un système de classement des candidatures en trois groupes : celles répondant au critère des trois notes minimales, celles n’y répondant que partiellement et, enfin, celles totalement « hors des clous ». Ce simple classement, tout aussi inhumain qu’un tirage au sort et qui réduit un ou une jeune à une simple donnée statistique, aura ainsi permis de faire l’impasse sur l’étude de dizaines de dossiers.
Je conçois qu’il sera très compliqué, pour les filières, d’étudier tous les dossiers un par un et de prendre le temps de les analyser, surtout au vu des moyens limités dont elles disposent, mais c’est uniquement à ce prix que votre réforme aura un semblant d’humanité, madame la ministre, bien que nous y restions profondément opposés.
Il appartient au Gouvernement de se donner les moyens de son ambition. Les jeunes dont l’avenir est entre les mains des universités n’ont pas à assumer un manque de cohérence entre les ambitions et les moyens mis en œuvre.