Intervention de Nathalie Delattre

Réunion du 15 février 2018 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Dénormalisation du vin

Photo de Nathalie DelattreNathalie Delattre :

Je voudrais vous parler de nous, les vignerons, de la terre que nous avons façonnée pendant des siècles pour en faire des terroirs de renom ; de nous, chefs d’entreprise, qui créons des emplois malgré grêles et gel et qui faisons notre révolution environnementale, sous la forme du bio ou de la haute valeur environnementale, la HVE, car nous sommes avant tout des femmes et des hommes responsables !

Le vin se boit avec modération, mais extase, et ne saurait être ramené à la seule dimension d’une boisson contenant de l’alcool. La profession ne saurait être pointée du doigt, alors que nous sommes engagés depuis de nombreuses années dans une politique de consommation responsable.

Le candidat Macron, un verre à la main, énonçait que la viticulture était une part vibrante de nos territoires. J’ajouterai que c’est une part importante de notre économie : en 2016, son chiffre d’affaires à l’export atteignait 10, 5 milliards d’euros, ce qui faisait d’elle le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale française.

Par courrier en date du 19 janvier dernier, le Président de la République exprimait son souhait que « les acteurs de santé, mais aussi les acteurs économiques » que nous sommes « s’emparent du sujet afin de mener la révolution de la prévention. »

Pourtant, votre ministre des solidarités et de la santé ne cesse de jeter l’opprobre sur nos têtes. §Sa stratégie nationale de santé vise à remplacer une politique de prévention des risques par une politique de prévention de toute consommation d’alcool. Or la consommation de vin a déjà été divisée par deux en cinquante ans, sans que le problème de l’alcoolisme ait été résolu pour autant. Cette voie n’est donc pas la bonne.

Monsieur le Premier ministre, ma question est simple : allez-vous reconnaître l’existence d’une consommation responsable, ou souhaitez-vous suivre votre ministre des solidarités et de la santé, qui veut faire de la France le pays de la prohibition ? Allez-vous nous précipiter dans un grand plan de licenciements et de démembrement, ou allez-vous décider de nous associer à notre destin, comme cela a toujours été le cas et comme le Président de la République s’y est engagé ?

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