Intervention de Angèle Louviers

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 1er février 2018 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Marc Ayrault ancien premier ministre président de la mission de la mémoire de l'esclavage des traites et de leurs abolitions

Angèle Louviers, directrice du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage :

En tant que directrice du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, le CNMHE, je suis évidemment très intéressée par ce débat.

Monsieur le Premier ministre, je tiens tout d'abord à vous féliciter d'avoir accepté de vous occuper de cette question et de la prendre à bras-le-corps. À l'époque, nous avions tous suivi avec intérêt et ardeur l'initiative que vous aviez prise d'engager une action similaire depuis votre mairie de Nantes.

Je suis d'autant plus intéressée par le sujet que le CNMHE s'était exprimé, dans son rapport de 2016, en faveur de la mise en place d'une fondation pour la mémoire de l'esclavage, de la traite et de leurs abolitions. Nous sommes aujourd'hui très heureux que celle-ci voie le jour.

J'ai néanmoins quelques inquiétudes. Le rapport de préfiguration de la fondation, remis en mars 2017 par M. Lionel Zinsou au Premier ministre, comportait une recommandation préconisant l'intégration des personnels et des moyens du CNMHE dans la future fondation. Notre comité ne dispose pourtant que d'un budget de 45 000 euros pour l'exercice de l'ensemble de ses missions : l'attribution d'un prix de thèse, l'organisation des commémorations nationales du 10 et du 23 mai, de rencontres citoyennes et de rencontres avec les associations.

Comment le comité pourrait-il continuer avec de tels moyens et avec un secrétariat uniquement composé de deux personnes, moi-même, qui suis directrice de la programmation et de l'animation du comité, et une chargée de mission qui est absente depuis plusieurs mois ? En réalité, le CNMHE fonctionne sans secrétariat, sans petites mains et sans argent depuis quatre ans !

Si j'évoque la situation du comité devant vous, monsieur Ayrault, c'est parce que j'ai reçu, le 21 décembre dernier, un courrier du ministère de l'intérieur m'annonçant que mon contrat de travail, qui devait prendre fin le 18 février prochain, ne serait pas reconduit. J'ai appris à cette occasion que le GIP avait refusé de m'engager, alors même qu'on lui avait suggéré de le faire.

N'y voyez-vous pas une contradiction avec les recommandations du rapport Zinsou auxquelles je m'étais fiée ? Ne pourriez-vous pas lever cette contradiction et reconsidérer rapidement la décision prise par le GIP ? En effet, alors que le CNMHE est en souffrance, sans direction ni moyens, trois échéances importantes se dessinent : la commémoration du 170e anniversaire de l'adoption du décret d'abolition de l'esclavage le 27 avril prochain, l'organisation des commémorations du 10 et du 23 mai.

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