Intervention de Jean-Marc Ayrault

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 1er février 2018 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Marc Ayrault ancien premier ministre président de la mission de la mémoire de l'esclavage des traites et de leurs abolitions

Jean-Marc Ayrault, président de la mission de la mémoire de l'esclavage, des traites et de leurs abolitions :

Cela fait en effet partie des missions que la fondation s'efforcera d'exercer.

La Fondation pour la mémoire de l'esclavage, des traites et de leurs abolitions devra conduire de nouvelles actions de communication et offrir le meilleur accès possible aux informations sur les esclavages, étant entendu que cela nécessitera l'utilisation des nouveaux médias.

Elle aura également pour objectif de concevoir des actions pédagogiques innovantes. Je vais prochainement rencontrer le ministre de l'Éducation nationale pour parler des programmes scolaires. Quelques initiatives existent aujourd'hui dans les écoles, comme l'organisation chaque année d'un concours lors des cérémonies du 10 mai, mais nous souhaiterions amplifier le mouvement. Nous voudrions organiser et financer un certain nombre de voyages éducatifs, animer le réseau des institutions culturelles et patrimoniales consacrées à cette mémoire, coproduire des expositions et des événements culturels et, enfin, travailler en réseau avec les outils existants, dont le Mémorial ACTe déjà évoqué.

La fondation veut changer de dimension : nous souhaitons développer une action davantage pérenne, moins cyclique, qui ne nous mobilise plus seulement sur le passé, mais aussi sur les questions contemporaines, y compris les discriminations et le racisme.

Certains intervenants ont rappelé les initiatives que j'ai prises en tant que maire. En 1985, à l'occasion du 300e anniversaire du Code noir, un collectif d'universitaires et d'associations avait émis le souhait d'organiser un événement à Nantes, lequel n'a finalement pas eu lieu, parce que la municipalité de l'époque avait refusé d'y apporter son concours par crainte de diviser la population nantaise. Élu maire, je m'étais engagé auprès d'un certain nombre d'acteurs locaux à prendre en considération la question de la mémoire de l'esclavage : ce fut un long processus, qui n'a pas divisé la ville, mais qui en a au contraire renforcé l'unité. Nous sommes assez fiers d'être parvenus à mener de telles actions à Nantes.

Ces initiatives perdurent, car l'histoire n'est pas finie : le 12 février prochain, dans le cadre des événements organisés autour de la première guerre mondiale, un concert se déroulera au théâtre de Nantes pour commémorer l'anniversaire du premier concert de jazz d'artistes noirs américains en France. Parmi les Américains entrés en France en 1917, certains ont fait découvrir aux Français une musique qu'ils ne connaissaient pas : le jazz, une musique jouée par des noirs américains qui n'avaient eux-mêmes pas le droit de se produire chez eux. À l'occasion de ce concert seront présents des descendants de ces premiers musiciens de jazz, ainsi que des représentants du musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine de Washington. Il faut revendiquer l'importance d'un tel événement, car ce type de manifestation va bien au-delà des questions de mémoire et de culpabilisation, elle est plutôt le symbole de la construction d'un nouveau monde.

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