Une question s'agissant des alliances. Parvient-on à un point de rupture et à une clarification de la situation ? J'ai rencontré hier soir des analystes qui revenaient d'une mission de trois semaines au Nord de la Syrie pour y évaluer la sécurité à la demande des ONG, qui se posent la question de savoir s'il faut rester ou partir.
Ces personnes m'ont entretenu de l'action militaire turque à Afrin, où ils avancent péniblement, la progression étant plus difficile que prévu, et parce qu'on sait que les Turcs ne veulent pas déplorer trop de pertes. On dit qu'ils se seraient fixé un maximum de 200 morts. Un plus grand nombre leur poserait des problèmes sur le plan de la sécurité intérieure. Ils se trouvent face aux Américains, leurs alliés, mais ceux-ci leur font comprendre que Manbij constitue un point limite.
Les Turcs voudraient que les Kurdes abandonnent Manbij. C'est ce qu'ils avaient obtenu il y a un an, lorsque ces derniers avaient repris la ville. Or ils sont aujourd'hui arrivés à un point de friction avec les Américains.
Mes interlocuteurs ne pensaient pas trouver le nord de la Syrie dans cet état : il n'y a plus d'eau, plus de nourriture, la saison s'annonce très difficile, et ils craignent une crise sur le plan de la sécurité, avec le risque d'assister à une confrontation entre Arabes et Kurdes. La population arabe admet de moins en moins la situation, qu'elle reproche aux politiques kurdes. Ceci arrange les Turcs, qui peuvent ainsi avancer et justifier leurs positions.
Les Russes demeurent silencieux. Ne va-t-on pas parvenir à une confrontation entre les Américains et les Russes ? Les Turcs ne vont-ils pas choisir à cette occasion de clarifier leur position?