Intervention de David Assouline

Réunion du 27 mars 2018 à 14h30
Questions d'actualité au gouvernement — Montée des actes antisémites

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

Monsieur le Premier ministre, c’est avec émotion, gravité et même douleur que je m’adresse à vous.

Mireille Knoll, quatre-vingt-cinq ans, a été assassinée de onze coups de couteau puis brûlée, dans son appartement de l’Est parisien, quartier populaire et mélangé où je vis et dont je suis l’élu, quartier où beaucoup des siens, et donc des nôtres, Français républicains, ont jadis été raflés pour être exterminés.

Depuis 2006 et l’atroce supplice d’Ilan Halimi, onze hommes, femmes et enfants ont été tués parce que juifs, de Toulouse à l’Hyper Cacher et à Belleville, où Sarah Halimi, soixante-cinq ans, a été massacrée et défenestrée il y a un an, presque jour pour jour.

Monsieur le Premier ministre, notre peuple, dans sa diversité, a su se lever à plusieurs reprises contre l’antisémitisme, à l’occasion de l’attentat de la rue Copernic ou de la profanation du cimetière de Carpentras. Paradoxalement, il l’a moins fait au cours de la dernière décennie, durant laquelle l’antisémitisme quotidien s’est pourtant développé comme jamais depuis la Seconde Guerre mondiale. L’antisémitisme, cette haine de tout, de l’humanité, vient s’abattre, consciemment ou inconsciemment, sur les juifs en particulier, comme depuis si longtemps. Cet antisémitisme est vécu par nos concitoyens juifs intimement, dans l’isolement.

Monsieur le Premier ministre, la France ne serait plus la France sans les juifs qui la composent, et la République n’est plus la République si elle laisse ses citoyens juifs abandonnés à la menace ouverte ou diffuse d’être moqués, molestés, insultés, humiliés, voire tués parce que juifs, si elle s’accommode de les voir quitter les quartiers populaires ou y vivre reclus, quitter les écoles publiques et, pour certains, quitter la France même.

Monsieur le Premier ministre, dites-nous comment le Gouvernement compte, au-delà des actions déjà engagées et des mots déjà prononcés, que je salue, prendre la mesure de ce danger mortel, lié aux mêmes idéologies extrémistes antirépublicaines qui arment les terroristes, et qui a encore tué à Trèbes.

Pour ma part, j’encourage tous mes collègues et, au-delà, tous les citoyens à participer massivement à la marche blanche qui aura lieu demain, à dix-huit heures trente, place de la Nation, en hommage à Mireille Knoll.

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