Intervention de Nicolas Hulot

Réunion du 27 mars 2018 à 14h30
Questions d'actualité au gouvernement — Rôle des collectivités territoriales dans la préservation de l'environnement

Nicolas Hulot :

Monsieur le sénateur Bignon, oui, l’érosion de la biodiversité est un poison lent dans les veines de l’humanité. Je vous l’accorde, malgré les différents rapports qui s’accumulent, la réponse n’est pas à la hauteur de cet enjeu universel ; nous avons parfois la tentation de céder à une forme de fatalisme.

Prenons-en acte, si nous continuons dans ce sens, vos enfants ou vos petits-enfants n’auront plus aucune chance de voir de grands animaux à l’état sauvage en Afrique. Or si nous n’avons pas réussi à sauver, par exemple, les grands singes, qu’en sera-t-il de la biodiversité ordinaire, qui est tout aussi indispensable pour l’avenir de l’humanité ? En effet, la biodiversité est certes un patrimoine, il s’agit de notre héritage, mais c’est surtout notre livret d’épargne pour l’avenir. Vous le savez, monsieur le sénateur, parce que vous avez été rapporteur de la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. Il n’en reste pas moins que, jusqu’à présent, nous n’avons pas été à la hauteur.

J’ai pris une décision, dont j’entends bien qu’elle ne réglera pas tout, mais qui vise à montrer que nous ne sommes pas résignés : la réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées, de manière à essayer de sauver définitivement la souche originelle des ours des Pyrénées. §En effet, si nous voulons avoir du crédit dans les instances internationales et demander aux Asiatiques et aux Africains de cohabiter avec la faune sauvage, nous devons prendre notre part de responsabilité.

Au-delà de ce geste, pour que la biodiversité ne se résume pas à quelques espèces symboliques, nous devons, comme l’avait dit René Dubos, penser globalement et agir localement. La nature n’a pas besoin qu’on l’aime ; elle a besoin qu’on cesse de l’empoisonner et de la détruire !

Je soutiens évidemment, dans ce sens, la poursuite de la création d’agences régionales de la biodiversité. Effectivement, la biodiversité doit se faire au quotidien et la protection de notre patrimoine naturel est au cœur des politiques publiques et territoriales. C’est aussi la raison pour laquelle je présenterai, dans très peu de temps, un nouveau plan de lutte contre l’érosion de la biodiversité. Toutefois, comme je l’ai déclaré à l’Assemblée nationale, je n’y arriverai pas si chacun, à son niveau, ne prend pas sa part de responsabilité !

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