Cela fonctionne dans les deux sens. Dans la théologie de Daech, la hijra - le fait de venir vivre sur une terre musulmane salafiste - et le djihad sont des obligations absolues. Ceux qui n'ont pas la possibilité matérielle de faire la hijra peuvent compenser ce manque en prenant des initiatives.
D'autres opérations sont vraiment commanditées. C'était, bien sûr, le cas des attaques du Bataclan, dont les auteurs avaient enregistré leurs testaments deux mois auparavant en Syrie, avec la certitude qu'ils seraient tous morts le 13 novembre 2015 à minuit.
Ceux qui agissent seuls répondent aux injonctions d'Al-Adnani, qui avait exhorté ses partisans à prendre une pierre ou un couteau et à attaquer partout. Les membres de Daech sont formalistes et ils ont longtemps refusé de revendiquer des attentats en l'absence d'allégeance formelle de leurs auteurs. On sait ainsi que les auteurs de l'attaque qui a coûté la vie à un prêtre se sont filmés peu avant de passer à l'acte faisant rituellement allégeance au calife. Parfois, il n'existe pas de trace de ce genre. Cette exigence est de moins en moins présente et on semble s'orienter vers une stratégie différente. Ainsi, Amaq, l'agence de presse de Daech, a revendiqué l'attaque de Dallas, alors même que rien n'est venu prouver que le tireur fou était vraiment djihadiste. Ils deviennent donc laxistes.