Intervention de François-Bernard Huyghe

Commission d'enquête menace terroriste après chute de l'Etat islamique — Réunion du 6 mars 2018 à 15h00
Audition de M. François-Bernard Huyghe directeur de recherche à l'institut de relations internationales et stratégiques iris

François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l'IRIS :

Le volontariat ne donne pas de bons résultats, deux de vos collègues ont produit un très bon rapport à ce sujet. C'est une démarche basée sur une vision naïve et, disons-le, un peu politiquement correcte, selon laquelle le djihadisme n'aurait rien à voir avec la religion, mais relèverait de la psychologie.

La méthode saoudienne est efficace, mais elle est difficile à transposer : on enferme des djihadistes dans des camps, puis on leur fournit à la sortie un travail, une voiture, etc. pour les ramener vers le wahhabisme classique. On leur dit donc en substance : « Vous avez raison d'être salafistes, mais on n'embête pas la dynastie des Saoud, et vous ferez la guerre quand on vous le dira ! » J'imagine mal cela en France...

Je pense qu'il faut mieux exploiter les discours des repentis. Les Kurdes sont plus malins que nous à ce sujet, on se souvient ainsi de la vidéo dans laquelle ils ont présenté Émilie König maquillée et portant un sweat rose à fleurs, affirmant qu'elle s'était trompée. De même, ils ont obligé un important prédicateur français à affirmer que les gens de Daech étaient des crapules.

L'idée selon laquelle les chefs ont fauté peut être efficace. Des Algériens qui avaient lutté contre les GIA m'ont raconté que, dans certains groupes, des militants - qui égorgeaient auparavant des villages entiers - étaient partis parce que le chef avait des baskets plus belles que les autres et n'était donc pas à égalité avec les combattants.

Utiliser des témoignages de repentis ne sera pas efficace à 100 %, mais ce sera mieux que ce que l'on fait aujourd'hui.

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