Intervention de Myriam Benraad

Commission d'enquête menace terroriste après chute de l'Etat islamique — Réunion du 8 mars 2018 : 1ère réunion
Audition de Mme Myriam Benraad professeure en science politique et chercheuse

Myriam Benraad, professeure en science politique et chercheuse :

Des personnes plus âgées ont aussi rejoint les groupes terroristes sur place, mais l'on en parle moins. Beaucoup de ceux qui ont rejoint l'État islamique ignoraient ce qu'ils trouveraient sur le terrain. Les jeunes, c'est vrai, ont davantage été tentés. Je l'explique essentiellement par la force de la propagande numérique et des réseaux sociaux, qui ont promu l'utopie, l'aventure, l'amusement, voire désigné le califat comme un eldorado ou un terrain de distraction. On parle souvent de sous-culture ; je le réfute : le « djihadisme 2.0. » s'est fondu dans la culture dominante, tout en élargissant ses perspectives par une communication multilingue. Jusqu'au début des années 2000 en effet, la propagande djihadiste n'était véhiculée qu'en arabe, et en arabe classique encore ; elle a ensuite été rendue accessible à tous et s'est déployée en détournant notamment les symboles de la culture jeune pour se rendre séduisante. Dès lors, elle n'était plus une sous-culture au sens propre du terme. Tout cela s'est greffé sur un environnement géopolitique particulier, celui des crises irakienne, syrienne et libyenne, qui ont beaucoup catalysé les flux de recrutement.

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