Intervention de Françoise Thébaud

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 5 avril 2018 : 1ère réunion
Audition de Mme Françoise Thébaud historienne professeure émérite à l'université d'avignon

Françoise Thébaud, historienne, professeure émérite à l'université d'Avignon :

La guerre de 14-18 fut vite appelée par les contemporains « Grande Guerre », tant elle présentait des aspects inédits : guerre longue, meurtrière, industrielle et déjà, par certains aspects guerre totale, elle mobilisa physiquement et culturellement l'arrière comme l'avant, les civils comme les soldats, les femmes comme les hommes.

La Grande Guerre en effet n'est pas qu'une affaire d'hommes. Avant de vous le montrer à travers l'étude de quatre thèmes (mobilisations, épreuves, engagements, effets de la guerre sur les trajectoires individuelles et la place des femmes dans les sociétés), je ferai en introduction des remarques préliminaires et d'historiographie.

Trois remarques préliminaires dans un premier temps :

- L'usage d'un power point permet de mieux comprendre ce que voyaient les contemporains. Il est très important de se plonger dans la culture visuelle du temps de la guerre, où les femmes et le féminin sont très présents dans la propagande des États et dans les produits culturels comme les cartes postales, une industrie alors à son apogée. Vous voyez là par exemple l'image d'un poilu - il a encore son képi rouge, nous sommes au début de la guerre, les soldats français ne sont pas encore équipés de casques - avec une légende humoristique : « Quel est le comble pour un poilu ? Embrasser sa femme sur le front ! ».

- Mes recherches ont porté sur la France, mais j'ai lu mes collègues qui ont travaillé sur d'autres pays d'Europe occidentale ; je vous propose ainsi une conférence d'histoire comparée. L'histoire des femmes d'Europe orientale sera peu abordée, faute de connaissances de ma part. Même chose pour l'histoire des femmes des colonies, sur lesquelles des recherches sont encore à faire.

- Comme le montrent ces deux photographies (une ouvrière au visage fatigué, une dame d'oeuvre en chapeau - à l'époque le chapeau marque l'appartenance sociale, l'expression « femmes en cheveux » désigne celles qui sortent sans chapeau), les femmes ne constituent pas un groupe homogène. Parler de « la » femme est erroné.

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