En ce qui concerne la mobilisation des femmes, il est certain que, dans les exploitations agricoles, la division sexuée du travail telle qu'elle existait avant la guerre vole en éclat. En effet, les paysans sont parmi les plus mobilisés et ne sont jamais rappelés à l'arrière. Dans ce contexte, les femmes ont rapidement été contraintes d'effectuer des tâches jusque-là réservées aux hommes, alors qu'avant-guerre, elles étaient chargées de la basse-cour ou du jardin potager et participaient à certains grands travaux comme la moisson. Je pense au sulfatage de la vigne, à la conduite des charrues... Pour autant, les correspondances de l'époque montrent que si les femmes d'agriculteurs prennent de l'autonomie et assument des responsabilités nouvelles, leurs maris continuent à leur donner des conseils par courrier. Le paysan soldat reste donc le chef de la famille, tant qu'il est en vie : « tu feras ceci, tu feras cela », voire « tu achèteras tel morceau de terre ».
Certaines femmes deviendront des chefs d'exploitation à l'issue du conflit mondial, mais la Première guerre mondiale a surtout eu pour conséquence d'accélérer l'exode rural des femmes, notamment de celles qui n'ont pas pu se marier ou qui sont devenues veuves ; elles partiront à la ville pour exercer des métiers ouvriers ou de services.
Le film Les gardiennes illustre assez bien le travail agricole des femmes pendant la guerre.