Oui, nous pourrions dire cela avec nos mots d'aujourd'hui.
Mais il faut de nouveau nuancer en sens inverse. La guerre a parfois renforcé et modernisé l'amour conjugal. Des femmes qui ont assumé des responsabilités et des tâches nouvelles ont découvert, comme elles l'ont écrit, leur « personnalité » et veulent désormais avoir droit au chapitre. Il y a eu des « renégociations de couple ». La mort massive des hommes a laissé vides des postes de travail et offert des opportunités professionnelles aux femmes, même si on les appelle à rentrer au foyer et, en France notamment, à faire des enfants. La guerre inaugure une féminisation du secteur tertiaire qui s'accentue tout au long du XXe siècle. Enfin, si la guerre a un caractère émancipateur pour les femmes, c'est surtout pour les jeunes filles des classes bourgeoises qui ont vécu plus libres, loin du contrôle paternel, se sont engagées comme infirmières ou ont commencé des études pour avoir un métier. Alors que le destin des jeunes bourgeoises avant 1914 était de devenir des maîtresses de maison, la guerre a infléchi leurs trajectoires individuelles. C'est vrai aussi des jeunes filles des années 1920, car les fortunes bourgeoises paraissent plus précaires après la guerre. Née en 1908, Simone de Beauvoir était encore enfant pendant les années de conflit mais son père, très traditionnel, a connu comme d'autres des revers de fortune : malgré ses convictions, il pousse ses deux filles à faire des études et à avoir un métier ; Simone de Beauvoir allait devenir la philosophe, l'écrivaine et la militante bien connue...
Vous le voyez, les effets de la guerre sont divers selon les femmes, comme l'ont été leurs expériences de guerre. Je vous remercie de votre attention.