Ce silence a des conséquences puisque les Kurdes disent maintenant vouloir libérer unilatéralement les djihadistes français. Je vous enjoins, monsieur le ministre, de faire en sorte que notre pays réoriente sa position sur le dossier kurde avant que nous ne perdions totalement la confiance et les liens avec ce peuple allié de la France.
Mes chers collègues, les frappes en Syrie étaient donc légitimes, au nom des droits de l’homme, au nom du droit international, au nom du respect de nos alliances. Mais ces frappes ne peuvent pas être une fin. Doit débuter maintenant un processus diplomatique.
Notre pays a écrit, avec ses alliés britanniques et américains, une proposition de résolution qui sera débattue prochainement à l’ONU. Il est en effet indispensable de reprendre la main dans le jeu diplomatique, alors que les Russes ont montré leur isolement.
Il faut aller au bout de ce processus diplomatique pour d’abord désarmer l’arsenal chimique syrien qui aurait résisté aux bombardements. Il faudra aussi poursuivre ce processus pour trouver une issue pacifique au conflit syrien.
Ce processus ne sera pas facile compte tenu des positions ambiguës des États-Unis quant à l’avenir de leur présence dans les dossiers de cette région. Il est donc nécessaire d’investir pleinement le champ diplomatique.
Notre groupe, monsieur le ministre, soutiendra donc également vos initiatives en ce sens. Nous aurons cependant une question majeure : quelle sera la position de notre pays si la voie diplomatique continuait à être bouchée dans les prochains mois du fait des veto russes ? Nous ne demandons pas aujourd’hui une réponse à cette question complexe, mais nous voulons dès maintenant la poser, car le risque d’escalade militaire existe dans cette région poudrière.
En attendant qu’une solution diplomatique soit trouvée, je veux redire ici qu’il est tout à l’honneur de notre pays d’être intervenu contre l’usage répété des armes chimiques en Syrie.
Je veux aussi saluer le soutien des différents partis et groupes politiques qui se sont exprimés ce week-end et encore aujourd’hui. La classe politique se grandit toujours à montrer son unité lorsque notre pays intervient sur la scène internationale, comme lorsqu’il est attaqué.
Nous avons entendu les inquiétudes de certains et les critiques des autres. Je veux leur dire que soutenir l’intervention n’est pas synonyme de béatitude. §Nous sommes aussi vigilants quant à la suite des événements, nous sommes aussi soucieux qu’aucune surenchère ne naisse de la situation, nous sommes aussi déterminés à ce qu’une solution diplomatique et globale soit trouvée.
Mais cette vigilance n’empêche pas la responsabilité face aux événements et face à l’Histoire, dans laquelle cette guerre syrienne est entrée. La recherche des voies politiques ne doit pas non plus empêcher l’urgence humanitaire de la protection de civils massacrés. Le souci du règlement pacifique ne doit pas pétrifier face aux atrocités inhumaines d’un dictateur. L’indignation ne peut pas se réduire à l’inaction.
Mes chers collègues, un dernier mot, enfin, pour saluer nos forces armées, qui ont encore une fois démontré, par la qualité de leur intervention, la place incontournable de la France dans le concert des nations. Que nos soldats, ceux de la République, soient salués pour leur engagement !