Intervention de Roland Courteau

Réunion du 5 février 2009 à 22h00
Mise en œuvre du grenelle de l'environnement — Article 39

Photo de Roland CourteauRoland Courteau :

Le 7 décembre 2007, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a adopté, à l’unanimité – majorité et opposition, sénateurs et députés confondus –, les conclusions de mon rapport sur l'évaluation et la prévention du risque du tsunami sur les côtes françaises, en métropole et outre-mer. Car un tel risque existe. Aucun bassin n’est à l’abri !

Le risque existe aussi bien en Méditerranée qu’en Atlantique Nord, aux Antilles, en Polynésie française, dans l’océan Indien ou aux abords de l’île de La Réunion.

À ceux qui en douteraient, je rappelle que, au XXe siècle, sur les 911 tsunamis qui eurent lieu dans le monde, le Pacifique en a connu 76 %, l’Atlantique 10 %, la Méditerranée 10 %, et l’océan Indien seulement 4 %, ce dernier ayant longtemps été considéré comme l’océan le plus sûr par rapport à un tel risque. Pourtant, nous connaissons la suite ! C’est bien dans l’océan Indien qu’eut lieu, le 26 décembre 2004, le tsunami vraisemblablement le plus meurtrier de notre histoire, avec plus de 250 000 morts.

D’ailleurs, cet océan était jugé si sûr par rapport à ce risque que l’on n’avait pas jugé opportun d’y créer un centre d’alerte, contrairement à ce qui a été fait, quelques décennies auparavant, dans le Pacifique, avec la création du PTWC, le d’Hawaï, ou, plus récemment, en Alaska et au Japon.

Or c’est bien l’absence de tout dispositif d’alerte et une absence totale d’information des populations qui furent à l’origine du nombre élevé de victimes.

S’il est une certitude qui se dégage des quelque cent cinquante pages du rapport, c’est bien le fait qu’il n’y a aucun océan, aucune mer au monde qui soit à l’abri d’un tel risque.

Par exemple, dans une zone géographique proche de la France, à la suite du séisme de Messine, en 1908, un tsunami a fait plusieurs dizaines de milliers de morts.

Faut-il rappeler également le tsunami de 1979 à proximité de Nice et d’Antibes, consécutif à des effondrements sous-marins, ou encore celui de 2003, passé inaperçu, qui faisait suite au séisme de Boumerdès en Algérie ?

Faut-il rappeler le séisme de Lisbonne, au XVIIIe siècle, et le tsunami qui traversa l’Atlantique et déferla sur les Antilles avec des vagues de quatre mètres ?

Faut-il rappeler, enfin, l’effondrement du volcan de Santorin, en Grèce, dans l’Antiquité, et le tsunami qui provoqua l’extinction de la civilisation minoenne ?

Le risque existe aussi bien sur les côtes françaises de métropole qu’outre-mer.

Je rappelle l’intitulé de mon rapport : Tsunamis sur les côtes françaises : un risque certain, une impréparation manifeste. L’impréparation ne concerne pas, cependant, la Polynésie française, qui s’est dotée, voilà peu, d’un dispositif performant et innovant.

La principale des trente-trois propositions que j’ai faites visait à mettre en place un centre national d’alerte pour la Méditerranée, l’Atlantique Nord-Est, les Antilles et l’océan Indien. Je recommandais également que ce centre national assure aussi les fonctions de centre régional d’alerte en Méditerranée occidentale. Enfin, je suggérais que son installation et son fonctionnement soient confiés au Commissariat à l’énergie atomique.

Au cours de l’année écoulée, ce projet a été expertisé sur les plans technique et financier par le Secrétariat général de la mer.

À Athènes, lors de la réunion des 4 et 5 novembre 2008 du groupe intergouvernemental de coordination du système d’alerte aux tsunamis de l’Atlantique Nord-Est et de la Méditerranée, le GIC-SATANEM, la France a fait connaître son intention de mettre en place un tel centre, en tout cas pour la Méditerranée occidentale.

Enfin, en novembre 2008, M. le Premier ministre m’a informé par écrit, en réponse à mes demandes réitérées, de sa décision de mettre en place un centre national d’alerte. Cette décision a d’ailleurs été portée à la connaissance des États de la Méditerranée et de l’Atlantique Nord lors de la réunion du GIC-SATANEM du 4 novembre dernier. Ce centre sera financé, m’a précisé le Premier ministre, par un consortium européen que la France va contribuer à développer.

J’ai bien noté que M. Borloo, ministre d’État, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’aménagement du territoire, ainsi que Mme Alliot-Marie, ministre de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales, étaient chargés de préparer la mise en place du centre et du consortium. Permettez-moi toutefois de souligner que le plus tôt serait le mieux, d’autant que la Commission océanique intergouvernementale de l’UNESCO a fixé à 2010 la date à laquelle l’ensemble des bassins de la planète devront être couverts par un centre d’alerte.

Je remarque, par ailleurs, que l’article 39 du projet de loi prévoit de renforcer la politique de prévention des risques majeurs par l’intégration du risque de tsunami dans les plans de prévention des risques majeurs. Cette disposition, conforme du reste aux préconisations de l’Office parlementaire, est utile, mais insuffisante en l’état. Pour être efficace, elle doit être complétée par la mise en place d’un système national d’alerte aux tsunamis, susceptible de relayer l’information sur le risque en temps réel dans un cadre international. À défaut, l’intégration du risque de tsunami aux plans de prévention des risques demeurerait inopérante. C’est pourquoi nous avons présenté cet amendement.

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