Intervention de Mohamed Sifaoui

Commission d'enquête menace terroriste après chute de l'Etat islamique — Réunion du 10 avril 2018 à 14h20
Audition de M. Mohamed Sifaoui journaliste-écrivain-réalisateur dirigeant de la société terromag

Mohamed Sifaoui, journaliste-écrivain-réalisateur, dirigeant de la société Terromag :

J'ai toujours été très sévère à l'égard de certaines politiques menées. Les constatations sur le terrain montrent que certains sont allés vers des logiques de clientélisation des populations. D'ailleurs, les mêmes qui vous diront « pas d'amalgame » vont croire en définitif que chaque musulman doit être approché à travers le prisme du religieux. C'est une erreur fondamentale. On a laissé prospérer, comme si les Français ou les résidents étrangers de culture ou de confession musulmane étaient tous décidés à centrer leur vie autour du fait religieux. Or, beaucoup veulent vivre en tant que citoyen, trouver un travail et faire en sorte que leurs enfants réussissent leurs études. Ce qui pouvait être pardonné - certains par exotisme pouvaient penser qu'il s'agissait d'empathie -, aujourd'hui est inexcusable. On sait ce que le communautarisme peut engendrer. Je prends souvent le cas de Philippe Moureaux en Belgique, qui a été bourgmestre de Molenbeek. Il a eu une grande responsabilité dans ce qui s'est passé. J'ai découvert la ville de Molenbeek la première fois dans les années 1990, lorsque j'enquêtais sur les réseaux du GIA en Europe. Déjà, les islamistes algériens étaient à Molenbeek, vers 1995-1997. On ne peut plus dire aujourd'hui que l'on ne savait pas. Même si cela peut sembler utopique - je suis conscient que l'on ne pourra pas régler le problème sur un quinquennat - il est évident qu'il faut lancer un plan pour faire face à ces ghettos ethno-religieux et physiquement les démanteler. Il faut construire autre chose à même d'encourager la diversité socio-économique et la diversité ethnique.

Si on laissait les choses en l'état - et ce sont des situations que l'on retrouve sur l'ensemble des pays européens -, on va vers une montée de la radicalisation.

Tous les responsables politiques français se revendiquent de la République. Il faudrait que tous aient un esprit républicain à même de le mettre en pratique. Sur le plan partisan, il faut sortir des calculs électoralistes et rentrer dans une forme de responsabilité. On voit ce que peut engendrer ce laisser-aller. Dans les formations politiques, les uns et les autres devez être extrêmement sévères à l'égard de vos propres collègues. Nous n'avons plus le droit d'être connivent ou indulgent par rapport à ce genre d'errance.

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