Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, simplicité et gravité sont les deux mots qui me viennent à l’esprit en prenant la parole devant vous ; simplicité sur la forme, gravité sur le fond.
La simplicité, d’abord, car la liste nationale s’est imposée assez naturellement comme la solution la plus pertinente pour les élections européennes. Dans l’idéal, le territoire d’élection devrait être celui où se mènent les projets, où se conduit notre destin, où les décisions sont prises, à savoir l’Union européenne. Cela n’a pas été possible – nous sommes nombreux à le regretter –, mais la société civile s’est aisément rangée à l’idée de la circonscription unique. Je n’ai pas relevé de débat particulier dans l’opinion publique ou dans la presse à cet égard.
Dans ces conditions, il devenait cohérent qu’un accord soit trouvé entre les deux chambres. La commission mixte paritaire du 18 avril a été positive, ce dont je me réjouis avec mes collègues du groupe Union Centriste, même si la dimension ultramarine de notre groupe ne se satisfait pas de la circonscription électorale unique, comme vous en fera part notre excellent collègue Gérard Poadja.
Si le sujet électoral est simple, la question de fond pousse à plus de gravité.
Tous les sujets prioritaires pour notre pays ont une dimension européenne. C’est le cas du projet de loi de programmation militaire, dont nous reprendrons l’examen dans quelques minutes, notamment en ce qui concerne la coopération. Le texte sur le droit d’asile et l’immigration, dont nous débattrons dans quelques jours, concerne un sujet que nous ne pourrons typiquement traiter qu’à l’échelle européenne. Quant à la lutte contre le terrorisme, elle est transnationale. Je pense également au retrait des États-Unis de l’accord avec l’Iran, couplé à des sanctions mettant en cause un accord négocié par les Européens. Ces sanctions, décidées par un seul pays, s’appliqueraient aux entreprises d’autres pays, notamment le nôtre. C’est dire, chers collègues, que la poursuite de l’approfondissement de la construction européenne est au cœur de notre combat politique, de ce que nous souhaitons pour notre pays.
Cela étant, admettons-le, les choses changent. Trop de gouvernements, y compris en Europe, utilisent le nationalisme et les tensions de toutes sortes pour conforter leur autorité politique. Trop de pays, y compris en Europe, au motif d’efficacité, de souveraineté populaire, s’écartent des valeurs démocratiques, de la liberté de la presse ou de l’indépendance de la justice. L’unilatéralisme fait rage, là où notre pays a toujours pensé que les États étaient interdépendants et que les bons accords étaient multilatéraux et non de vainqueurs à vaincus.
Alors, j’entends que l’on ne fait pas le bonheur des peuples malgré eux et je comprends les règles de la r ealpolitik, mais ne confondons pas l’accessoire et l’essentiel. L’accessoire, c’est le mode électoral que nous allons utiliser en 2019. L’essentiel, c’est la manière dont notre pays sera capable de se rassembler pour exprimer de la manière la plus unitaire possible notre parole en Europe, de nature à influencer les choses, en particulier au moment où elles prennent une direction qui n’est clairement pas très favorable à notre pays et aux idées que nous défendons depuis longtemps.