Ce projet de loi remet en cause le pilotage et le financement de l'apprentissage par les régions. Si l'on veut enfin développer l'apprentissage, il nous faut plus de jeunes postulants et d'entreprises d'accueil. Ce point crucial est occulté par le projet de loi. Le financement de l'apprentissage inquiète les directeurs de CFA, puisque la plupart des centres se trouvent déjà en situation précaire. Le dispositif actuel permet de réguler le système et de soutenir les CFA confrontés à une baisse de leurs effectifs. L'effet amortisseur des régions est appelé à disparaître. La conjoncture économique favorable entraîne certes le développement de l'apprentissage. Mais qu'adviendra-t-il en cas de retournement de la croissance et en l'absence de mécanisme de stabilisation ? Le projet de loi, en conditionnant le financement des centres au nombre d'apprentis accueillis, les surexpose aux aléas de la conjoncture et risque d'entraîner une défaillance. En outre, certains métiers présentent de faibles effectifs, en raison d'un déficit d'attractivité. Pourtant, l'industrie a besoin de soudeurs. Si cette formation n'est pas rentable pour les CFA, les effectifs de cette filière vont diminuer. Imposer une logique de rentabilité sans aucun effet amortisseur aura ainsi des répercussions sur notre industrie.