J'ai eu la chance de travailler au sein d'une Unité de formation d'apprentis (Ufa) et la situation de l'apprentissage me paraît moins satisfaisante que celle que vous évoquez. Il faut neuf mois pour percevoir la taxe d'apprentissage. Les CFA ne facturent donc pas une prestation mais attendent que l'impôt soit reversé au bon vouloir de l'entreprise. La région verse une subvention d'équilibre qui n'est connue qu'au moment de la présentation du bilan. Les CFA naviguent donc à vue pendant un an et trois mois pour payer leurs formateurs et la taxe d'apprentissage est un drame en soi ! Les régions Ile-de-France et Val-de-Loire ont soutenu les CFA. Pour autant, je ne vois pas l'intérêt direct de la région en tant que tel sur le pilotage des formations, comme j'ai pu le constater lorsque l'Ufa a dû ouvrir une nouvelle filière en contrat de professionnalisation. Quel peut être son rôle ? Les CFA et Ufa doivent également convaincre les jeunes en échec scolaire de choisir l'apprentissage : la région ne nous aide nullement dans cette démarche quotidienne. Ces jeunes de niveaux IV et V doivent être placés dans des petites structures, afin d'assurer un accompagnement personnalisé, par exemple dans le secteur de la vente alimentaire. D'ailleurs, l'Éducation nationale a failli nous refuser plusieurs fois ces formations au motif qu'elles ne rentraient pas dans ses propres critères pédagogiques. Où est le jeune dans ce débat ? Il fallait mettre à bas ce système et conforter le rôle des entreprises d'accueil des apprentis. Le milliard d'euros évoqué était strictement consacré au fonctionnement et non aux investissements de nos structures ! Comment seront utilisés les 250 millions d'euros que compte allouer le Gouvernement ? L'orientation ne fonctionnera qu'à la condition que des formations soient proposées par les entreprises et qu'elles soient relayées auprès des acteurs de l'alternance. Comment la région est-elle prête à s'emparer de cette question ?