Intervention de Philippe Bonnecarrere

Réunion du 26 juin 2018 à 21h45
Débat préalable à la réunion du conseil européen des 28 et 29 juin 2018

Photo de Philippe BonnecarrerePhilippe Bonnecarrere :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, écoutant les orateurs qui se sont succédé depuis le début de ce débat, ainsi que vous-même, madame la ministre, j’ai été frappé par une communauté de propos qui transcende les différentes travées de notre assemblée.

À vrai dire, madame la ministre, mes collègues ne vous ont pas posé de questions comme cela se fait traditionnellement dans ce débat dit « interactif ». Chacun vous a plutôt exprimé, à sa manière, son inquiétude quant à l’évolution de l’Europe. On a même entendu notre collègue Pierre Ouzoulias se demander si, en fin de compte, les choses ne sont pas déjà allées trop loin. Sont-elles même rattrapables ?

Je partage cette préoccupation de nos collègues, madame la ministre. Les temps sont graves, nous le sentons depuis quelques semaines. Nous avons d’ailleurs, depuis environ deux mois, beaucoup modifié la tonalité de nos interventions, car entre les joies russes ou américaines et les difficultés internes à l’Union européenne, notre approche a dû changer. Nous aurions donc, en quelque sorte, mauvaise grâce à vous poser des questions au sens traditionnel du terme.

Nous vous avons écoutée à de multiples reprises, nous connaissons bien vos analyses, et il nous semble que notre relation avec le Gouvernement et avec votre action personnelle doit se fonder en ce moment non pas sur nos questions, mais sur notre soutien.

En effet, nous mesurons, à l’approche de cette réunion du Conseil européen, la difficulté de vos responsabilités. Nous l’avons mesurée, il y a quelques jours, sur la question du budget européen ; comment pourrons-nous, nous demandions-nous, parvenir à l’unanimité avec des situations aussi différentes ? Nous la mesurons encore sur les questions de défense, qui ont été évoquées il y a quelques minutes par M. Allizard. Nous la mesurons enfin, bien entendu, sur les questions de l’État de droit, que M. Ouzoulias évoquait à l’instant, et qui étaient également présentes, en perspective, dans les propos de M. Requier.

Je voulais donc vous exprimer à nouveau, au nom de mes collègues centristes, l’expression de notre soutien. Vous nous savez attachés à la construction européenne, et nous connaissons l’attachement du Gouvernement à cet égard.

Je voulais également revenir pour vous sur le débat que nous avons eu durant toute la semaine dernière, et qui s’est achevé par notre vote au début de cet après-midi. Il portait sur la réforme franco-française du droit d’asile et de l’immigration. Ce débat a été douloureux, il a été difficile. Il nous a laissé un sentiment de fort malaise. En effet, nous étions sortis de notre zone de confort pour nous confronter à de dures réalités. Au fond de nous-mêmes, quelles que soient les travées sur lesquelles nous siégeons, nous n’étions pas convaincus par une approche franco-française ; nous sentons bien, en effet, que les problèmes sont de nature européenne.

Cela me conduit tout naturellement à vous demander, madame la ministre, quelle solution le Conseil européen pourra apporter à ce problème. Une solution européenne à ce problème est incontournable et, au-delà de la situation de Mme Merkel, personnalité déjà particulièrement respectable, il est impossible que cette réunion du Conseil s’achève sans solution européenne.

L’idéal serait une solution globale, à vingt-sept ou vingt-huit États. On pourrait aussi trouver une solution d’un niveau quelque peu dégradé, de coopération renforcée, par exemple ; nous n’aimons pas trop utiliser ces éléments, mais cela peut être envisagé dans ce cas précis, à la majorité qualifiée, dès lors que l’Europe de l’Est ne veut pas nous suivre. Une solution pourrait également être trouvée dans le cadre d’accords intergouvernementaux. Je souhaiterais pour ma part une combinaison de ces deux dernières approches, puisque la solution globale est en l’état inaccessible.

Je veux en conclusion vous renouveler, madame la ministre, mon plus entier soutien, ainsi qu’à M. le Président de la République, pour la délicate responsabilité qui sera la vôtre dans quelques jours.

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