De quoi parlons-nous aujourd’hui ? D’agriculture et d’alimentation, certes, mais aussi, au-delà, de la vie de nos agricultrices et agriculteurs, de leurs revenus, de nos modes de vie, d’enjeux d’éducation, de santé publique et, surtout, de sauvegarde de notre planète. Ce dernier enjeu, le présent projet de loi devrait le prendre à bras-le-corps, mais il ne fait que l’ignorer !
L’article 11, relatif aux repas pris dans le cadre de la restauration collective, tel que modifié par la commission des affaires économiques du Sénat, manque un peu d’ambition.
Pourtant, depuis 2009, nous débattons de la fixation d’un taux de 20 % de produits issus de l’agriculture biologique pour l’approvisionnement de la restauration collective assurée par les personnes publiques.
Même si la puissance publique ne peut pas agir directement et rapidement sur chaque assiette, la restauration collective constitue un point de départ. C’est là que nous pouvons faire découvrir ou favoriser une autre manière de se nourrir.
Nous sommes déjà en retard. Depuis le 5 mai, la France vit pour cette année à crédit, alertent certaines associations. L’agriculture n’en est pas, tant s’en faut, seule responsable. Mais ce système d’élevage intensif que nous avons fait peser sur nos agriculteurs et que nous avons encouragé, participe à cet état de choses.
Nous devons favoriser les conversions vers l’agriculture biologique, dans le respect des êtres humains qui nous nourrissent et en leur garantissant un revenu décent. Nous devons favoriser une alimentation bio de qualité et, surtout, d’origine locale, parce que nous sommes confrontés à une situation critique.
Notre nourriture a un impact sur notre santé, particulièrement sur celle de nos enfants. L’usage de produits toxiques a également des incidences sur la santé de nos agriculteurs.
Enfin, et peut-être surtout, ce projet de loi représente une goutte d’eau face à l’océan des défis écologiques et environnementaux que nous avons la responsabilité de relever. Nos modèles ultralibéraux, d’ailleurs confortés par les traités de libre-échange – j’attends toujours la réponse à ma petite question, monsieur le ministre – qui affaiblissent nos normes sociales et environnementales, encouragent cette recherche de marges, de profits, et sont destructeurs pour la planète.
Cet enjeu-là englobe tous les autres et les dépasse. Le temps des beaux discours sur la préservation de l’environnement est passé. Aujourd’hui, nous devons agir, et vite, si nous voulons que le XXIe siècle ne soit pas le dernier !