Les dispositions de cet amendement pourraient paraître anecdotiques. Pourtant, il n’y a pas de petite pollution par les plastiques : nous devons donc nous montrer intraitables en matière de risques sanitaires et environnementaux provoqués par les matières plastiques.
Pour l’environnement et les espèces qui vivent dans les mers et les océans, nous sommes face à une bombe à retardement. Ainsi, en Méditerranée, 80 % des déchets sont constitués d’objets plastiques ; cette mer est la plus touchée par cette pollution. En mer du Nord, 95 % des fulmars trouvés morts avaient du plastique dans leur estomac.
Un peu partout, nombre d’espèces ingèrent les micro-fragments plastiques, en les confondant avec le phytoplancton ou le zooplancton, et en crèvent. Des études montrent que deux cent soixante espèces animales ingèrent ces fragments et sont étouffées par eux.
De fait, le problème des plastiques, c’est qu’ils ne se dégradent pas, mais se fragmentent en morceaux infiniment petits. Selon l’expédition MED, on dénombre dans certaines zones de la Méditerranée autant de micro-fragments plastiques que de plancton par mètre carré !
Plus généralement, il arrive que l’on dénombre jusqu’à 900 000 micro-déchets plastiques par kilomètre carré dans certains secteurs, dans les vingt premiers centimètres de la colonne d’eau ; plus profond, on ne sait plus les compter…
Bref, le mal est mondial. Chaque minute dans le monde, l’équivalent d’un camion d’objets plastiques est déversé dans les océans. En 1950, on produisait 5 millions de tonnes de plastique par an dans le monde ; on en produit aujourd’hui 300 millions de tonnes !
La France, avec la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, a interdit l’utilisation des sacs plastiques à usage unique. Seront interdits en 2020 les gobelets et assiettes en plastique, sauf ceux qui sont compostables. L’Union européenne propose d’interdire une dizaine de produits plastiques, dont ceux que je viens de citer. Il est vrai qu’elle est la dix-huitième pourvoyeuse mondiale de détritus plastiques.
Il me semble donc souhaitable que la France, qui a déjà pris un peu avance dans sa législation, complète la liste des produits déjà interdits, en y ajoutant les pailles et bâtonnets mélangeurs pour boissons. En fait, il s’agit de cibler les dix premières sources de déchets marins, qui sont des objets plastiques à usage unique.
J’attire l’attention du Sénat sur un autre problème, qui est non pas uniquement environnemental, mais aussi sanitaire : plus la densité des microparticules plastiques dans l’environnement augmente, plus la probabilité est grande qu’elles finissent par s’accumuler dans les chaînes alimentaires et, pourquoi pas, jusque dans nos assiettes et nos estomacs. Cela ressemblerait à un retour à l’envoyeur.