Intervention de Joël Labbé

Réunion du 28 juin 2018 à 21h10
Relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire — Article additionnel après l'article 11 sexies

Photo de Joël LabbéJoël Labbé :

Madame la présidente, je crains le pire : en septembre 2013, la première fois où j’ai parlé de ce sujet, la discussion avait commencé à zéro heure quinze et s’était terminée à une heure ! Alors, je vais tâcher de faire court.

Mes chers collègues, avec cet amendement, je reviens à un sujet qui me tient particulièrement à cœur, et que j’ai présenté à plusieurs reprises au Sénat, celui de la transparence dans les filières ostréicoles.

Aujourd’hui, on nous propose différents types d’huîtres, produites selon des modes très différents, mais sans que le consommateur puisse les distinguer. Il s’agit, d’un côté, des huîtres nées en mer, de l’autre, des huîtres nées en écloserie.

En premier lieu, on trouve des huîtres produites dans la tradition, c’est-à-dire des huîtres naturelles, nées en mer, dont les naissains sont captés par les ostréiculteurs, qui leur permettent ensuite de croître dans de bonnes conditions. Élevées selon une technique ancestrale, la quantité d’huîtres produites est alors fonction du milieu marin, dans le respect de ses équilibres.

En second lieu, on trouve des huîtres nées en laboratoire, puis introduites dans le milieu naturel. Cette technique présente plusieurs inconvénients.

Elle rend tout d’abord les ostréiculteurs dépendants de ces laboratoires et limite leur autonomie.

Ensuite, de récentes publications scientifiques montrent que l’utilisation en ostréiculture de naissains nés en écloserie entraînerait, dans les zones de reproduction des huîtres sauvages, une diminution de la diversité génétique de ces huîtres et, donc, une fragilisation des populations. De plus, un article paru dans la revue scientifique Aquaculture a récemment alerté sur les risques écologiques liés à l’utilisation intensive de naissains originaires des écloseries.

Enfin, ces huîtres sont souvent « triploïdes », c’est-à-dire qu’il s’agit d’organismes vivants modifiés, dont on force la mutation en laboratoire, afin de les rendre stériles. Cela permet de les vendre toute l’année, pas seulement lors des mois en « R », et d’en accélérer la croissance. C’est donc une forme d’OGM caché, qui est relâché dans le milieu marin.

On le voit : il existe deux modes de production complètement différents et il en résulte une concurrence déloyale, puisque ces huîtres triploïdes, théoriquement stériles, croissent en deux ans au lieu de trois, et peuvent être vendues tout l’été, car elles ne font pas de laitance.

Ce que les ostréiculteurs traditionnels demandent de longue date, c’est que les deux produits puissent au moins être différenciés à l’étalage ou dans les plats, et qu’il soit précisé sur l’étiquette si les huîtres sont nées en mer ou en écloserie.

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