Intervention de Philippe Dallier

Commission d'enquête état des forces de sécurité intérieure — Réunion du 27 juin 2018 à 14h05
Examen du projet de rapport

Photo de Philippe DallierPhilippe Dallier :

S'agissant de la situation très particulière de l'Île-de-France, il existe un contingent de logements affecté aux forces de sécurité, notamment à la police nationale. Vous rappelez très bien combien il est difficile de faire tourner ce parc, en partie situé au milieu de quartiers difficiles où, bien évidemment, les policiers ne veulent pas aller habiter. Dans le projet de loi ÉLAN figurent des dispositions relatives à la réaffectation des logements du parc social. Le parc ne sera plus géré en stock, mais en flux. Il y a peut-être là, pour le ministère de l'intérieur, l'occasion de mieux utiliser son contingent. Or, dans le projet de loi, il est dit que le ministère de l'intérieur sera exclu de cette nouvelle modalité de gestion. L'idée serait pourtant bel et bien de replacer des logements dans des lieux où les policiers seraient susceptibles de les accepter. Ne restons pas figés sur le contingent actuel.

J'ai moi-même dirigé une police municipale pendant 22 ans. Je comprends tout ce qu'ils disent et ressentent. Ils ont toujours eu le sentiment d'être en quelque sorte les parents pauvres de la sécurité ; souvent, les policiers nationaux les regardent avec condescendance, même si, au fil du temps, les choses ont pu s'améliorer.

Pour autant, attention à ne pas dessaisir le maire : attention à ce que la police nationale ne profite pas de l'élargissement des compétences pour accaparer ou absorber les policiers municipaux. Combien de fois, notamment dans les zones urbaines, le commissariat répond-il, lorsqu'un particulier appelle, pour tout et n'importe quoi : « allez donc voir la police municipale » ? La frontière doit donc être consacrée.

Autre point : j'ai très longtemps refusé d'armer les policiers municipaux ; je n'ai fini par le faire qu'après les attentats, considérant que la donne avait changé. Ceci dit, ce choix doit rester celui du maire. Aujourd'hui, eu égard aux circonstances, je considère qu'il vaut mieux que les polices municipales soient armées ; pour autant, cette décision doit rester du ressort du maire.

En matière d'avancement de grade et de rémunération dans les polices municipales, il faut savoir qu'il existe, en Île-de-France, une concurrence épouvantable entre communes. Toutes les communes créent des postes ; celles qui ont le plus de moyens inventent des systèmes de primes, ou paient forfaitairement des heures supplémentaires et des astreintes qui n'en sont pas, ce qui est parfaitement illégal et a d'ailleurs attiré l'attention des préfets. Il existe une course au salaire, que je peux comprendre ; pour rééquilibrer les choses, il faudrait une autre grille de salaires, très strictement contrôlée.

1 commentaire :

Le 11/11/2018 à 10:58, VELLUTINI a dit :

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La différence de mission sur le terrain entre un gardien de la paix de la police nationale et celle confiée à un gardien de police municipale s'est considérablement réduite au point même de se confondre. Cependant les policiers municipaux exposés aux mêmes contraintes , aux mêmes obligations déontologiques, aux mêmes risques, aux mêmes responsabilités administratives et pénales perçoivent des traitements de très loin inférieurs de plusieurs centaines d'euros, des pensions qui les placent à la limite du seuil de pauvreté, une situation à laquelle leurs employeurs publics, pour grand nombre des Députés et des Sénateurs se rejettent la balle entre AMF d'un côté et Ministère de l'Intérieur, des employeurs publics au rang du législateur qui n'ont jamais eu la ferme intention d'y remédier. Depuis 1999 les policiers municipaux n'ont bénéficié que de tripatouillages qui n'ont pas profité à tous et au delà ne représenter que des avancées bien dérisoires.

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