Intervention de Olivier Henno

Réunion du 10 juillet 2018 à 14h30
Liberté de choisir son avenir professionnel — Suite de la discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Olivier HennoOlivier Henno :

Chers collègues, nous ne le répéterons jamais assez, notre monde change. L’intention qui sous-tend ce texte est intéressante, car il apporte un début de réponse face à l’évolution du monde du travail. Les carrières d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que celles d’hier. Elles ne sont plus linéaires.

J’apporterai juste un témoignage. Dans la commune dont j’étais maire voilà quelques mois, l’entreprise Jean Caby est en liquidation : ses salariés, pouvant se succéder durant trois générations, effectuaient tous leur carrière dans l’entreprise pendant trente-cinq ou quarante ans. Il était légitime, à cette époque, que la formation soit totalement centrée dans l’entreprise.

Tout cela a bien évidemment changé. On commence à faire évoluer cette question de la formation pour qu’elle soit bien sûr liée à l’entreprise mais aussi pour qu’elle donne aux individus des capacités de réponse et d’adaptation. Cela est intéressant, car demain nos enfants n’accompliront plus leur parcours professionnel dans un, deux ou trois entreprises, mais plutôt dans dix ou quinze.

Libérer notre système de formation est, nous semble-t-il, un choix nécessaire, car il s’agit de redonner à chaque salarié, mais aussi aux chômeurs et aux personnes éloignées de l’emploi, de la visibilité, de l’accessibilité sur ses possibilités de formation. C’est un premier pas indispensable.

Le citoyen doit être au cœur et à l’initiative de son parcours de formation professionnelle. C’est l’un des objectifs de cette réforme avec la monétisation du compte formation ou la suppression du congé individuel de formation. Nous ne sommes pas nostalgiques du CIF, car à l’évidence, comme on l’a constaté au cours des auditions, il concernait trop peu de personnes. Il ne faut pas ignorer cette réalité. Il convient au contraire d’accompagner cette évolution intéressante.

Concernant la réforme de l’apprentissage, j’évoquerai les changements proposés.

Conditionner le financement des CFA au nombre d’apprentis qu’ils accueillent permettra, à mon sens, de mieux mesurer l’efficacité des moyens mis en œuvre, car il y a trop de places vacantes dans ces centres. Là aussi, c’est une réalité, dont on ne peut nier l’existence. Comme l’a indiqué lui-même le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui connaît cette question de l’apprentissage : « Il ne faut pas traîner des pieds quand il s’agit de l’avenir des jeunes et de combattre le chômage ! ».

L’apprentissage est insuffisamment développé dans notre pays, alors qu’il constitue une des clefs du succès dans le combat contre le chômage. Ma ville, Saint-André–Lez-Lille, est jumelée avec la ville allemande de Dormagen, qui accueille le siège de Bayer. Or la première fierté de cette grande entreprise, avant le chiffre d’affaires ou le nombre de salariés, c’est d’afficher le nombre d’apprentis accueillis.

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