Intervention de Michelle Gréaume

Réunion du 10 juillet 2018 à 22h15
Liberté de choisir son avenir professionnel — Articles additionnels après l'article 1er

Photo de Michelle GréaumeMichelle Gréaume :

Avec la formation professionnelle, nous sommes face à un paradoxe. Construite en vue d’accompagner et d’organiser l’augmentation générale du niveau de qualifications exigée par les mutations du travail, elle renforce encore les inégalités entre les salariés.

Les chiffres sont éloquents : en moyenne, à peine un quart des salariés n’ayant aucun diplôme suit une formation dans l’année, quand ils sont deux tiers des diplômés bac +3 et au-delà à le faire. En outre, on peut noter que, en moyenne, les formations effectuées par des personnes peu ou pas diplômées sont de moindre durée et d’un type plus restreint, par exemple une simple adaptation à un nouvel outil de travail.

De fait, la formation professionnelle, vue comme une deuxième chance pour celles et ceux qui n’ont pas poussé loin leur formation initiale, ne remplit pas son rôle. C’est pourquoi le chantier qui s’ouvre doit regrouper un ensemble de mesures allant de la simplification des démarches à la meilleure information, en passant par une mise en disponibilité plus aisée de la part des entreprises, mais il faut aussi aller plus loin pour rattraper un retard aggravé par des années d’inaction.

C’est tout le sens de cet amendement, qui vise à favoriser les demandes de départ en formation qualifiante ou diplômante faites par des salariés peu ou pas qualifiés. Cela est d’autant plus important que les inégalités d’accès résultent de la question des qualifications, mais aussi de la taille des entreprises, des types de contrats et de la catégorie socioprofessionnelle des salariés demandeurs.

La mesure que nous proposons répond à un enjeu sociétal, celui de la vocation émancipatrice de la formation tout au long de la vie.

Elle répond aussi à un enjeu économique, et ce à un double titre. D’une part, je l’ai évoqué, les mutations du monde du travail imposent une augmentation générale du niveau des qualifications ; toute une série de nouveaux métiers émerge continûment et les pratiques évoluent, avec en particulier une importance accrue des métiers d’encadrement. Or le barrage à l’entrée, trop sélectif, prive de nombreux salariés d’un accès à une formation. D’autre part, il est essentiel de rappeler que, en moyenne, plus un salarié est qualifié, plus il est productif et polyvalent.

C’est pour répondre à cette problématique, mes chers collègues, que nous vous soumettons cet amendement.

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