Je souhaite appuyer les propos de ma collègue sur l’article 4. À l’écoute de son intervention, vous aurez compris que l’orientation de l’article ne nous convient pas et que, dans ce cadre, notre amendement de suppression n’est qu’une conséquence logique.
J’aimerais revenir plus en détail sur la question de la formation initiale et professionnelle, car c’est un élément marquant du présent article. Celui-ci ne traite de formation initiale que sous le prisme de l’apprentissage, et il me semble qu’ici aussi il y a un écueil. Nous ne partageons pas la théorie selon laquelle il faudrait hiérarchiser les voies d’alternance. L’apprentissage, la formation professionnelle et technologique et la professionnalisation ne répondent pas aux mêmes enjeux. C’est pourquoi leur structuration est totalement différente.
Pourtant, on observe depuis des années une fracture de plus en plus importante entre les voies d’alternance au détriment des lycées professionnels. Cela tient, selon nous, à un choix stratégique contestable : amenuiser de plus en plus l’alternance sous statut scolaire, ce qui a pour conséquence de retarder l’insertion professionnelle. La réforme menée par Xavier Darcos en 2009 l’illustre bien.
Alors que 75 % des bacheliers professionnels souhaitent poursuivre leurs études supérieures, il est de plus en plus difficile pour eux de voir leurs souhaits satisfaits, parce que les places dans le supérieur professionnel et technologique sont limitées et qu’elles constituent de plus en plus une option pour des bacheliers généraux désireux de faire un IUT avant d’effectuer une troisième année de licence.
Le passage de quatre ans à trois ans de la durée du bac professionnel, en plus des 5 000 suppressions de postes d’enseignants qu’il a entraînées, fragilise également les publics les plus vulnérables des lycées professionnels, pour lesquels quatre années étaient et restent nécessaires.
Enfin, le contenu même des enseignements a profondément changé, à l’image de l’apprentissage. Le morcellement des compétences professionnelles ramenées à l’exécution de microtâches a fait reculer la vocation de l’enseignement professionnel de former à « penser son métier ».
C’est d’ailleurs l’une des causes du nombre important de ruptures de contrats d’apprentissage, les entreprises étant désormais confrontées à une perte de culture professionnelle.
Cet article 4, dans sa conception de la formation tout au long de la vie et de la formation initiale en alternance, accentuera cette régression. C’est pourquoi nous demandons sa suppression.