J’aimerais, après beaucoup d’autres, m’émouvoir, non seulement de la philosophie de cet article, mais de la philosophie générale de ce texte. Cet article est emblématique de ce que nous avons tant de mal à accepter et même, allais-je dire, à vivre.
On nous propose là un monstre froid, qui va tout centraliser, contraire aux engagements pris pendant une belle campagne électorale et à un livre intitulé Révolution. On transforme les régions en supplétifs de l’État : elles deviennent de simples antennes de diffusion d’informations, placées sous les fourches caudines de l’État – ce dernier pourra même créer des agences en matière d’orientation professionnelle !
L’ancien président de région que je suis a bien de mal à comprendre cette captation de la gouvernance, pour ne pas dire du pouvoir, en matière de gestion de l’apprentissage. C’est assez étonnant et à contre-courant de ce qu’il convient de faire.
J’ajoute que l’on va confier cette gestion aux filières, en particulier aux branches. Je suis originaire des outre-mer ; je sais ce qui s’y passe, singulièrement chez moi : les branches ne sont pas structurées. Et, au moment où je vous parle, une partie de la représentation socio-professionnelle, en particulier le patronat, refuse de signer des conventions ou laisse les conventions actuellement en vigueur, notamment les conventions de branche, arriver à leur terme sans signer de nouvel accord.
Nous allons donc nous trouver très bientôt – beaucoup s’en font l’écho en Guadeloupe – dans un désert social, où le dialogue social n’existe pas. Et vous voudriez, madame la ministre, que nous discutions de la formation avec ces mêmes partenaires qui refusent de négocier, mais n’hésitent pas, ensuite, à tendre la sébile à la région pour obtenir davantage que les financements prévus ?
Je suis assez curieux de savoir quelle efficacité on peut attendre de cette architecture. On spécule sur une possible efficacité dont je doute très fortement.
Madame la ministre, je vous ai entendue lorsque vous avez plaidé pour le renvoi de tous ces arbitrages à des décrets et à des ordonnances. Nous sommes familiers des ordonnances : nous venons d’en examiner une d’une espèce particulière, que nombre de nos collègues gagneraient à connaître, …