Mes propos sur l’orientation et sur l’article 10 du projet de loi sont le résultat d’observations fournies par une longue carrière au ministère de l’éducation nationale.
Je suis évidemment favorable au fait de donner un plus grand rôle aux régions en matière d’orientation, car elles ont une vision transversale de la formation et de l’emploi dans leur territoire. J’approuve également le renforcement du rôle des professeurs principaux et des chefs d’établissement, qui sont au contact permanent des élèves. Je suis, dans une certaine mesure, en accord avec la volonté de voir les psychologues de l’éducation nationale davantage évoluer en établissement. Mais j’ai deux réticences sur les orientations du Gouvernement.
L’idée de transférer les délégations régionales de l’Office national d’information sur les enseignements et les professions, ou DRONISEP, aux régions tout en voulant conserver l’Office est pour moi symptomatique d’une réforme qui ne va pas jusqu’au bout des choses. En effet, les DRONISEP sont les pompes à information de l’ONISEP. Les supprimer, c’est asphyxier l’Office. Le projet de loi porte donc en germe un ONISEP en apesanteur, coupé des territoires et des réalités du terrain. Le « mais en même temps » trouve donc ses limites.
Je suis également réservé sur l’affaiblissement des centres d’information et d’orientation, les CIO. Je comprends que l’on puisse critiquer leur fonctionnement, mais je suis convaincu de leur utilité tant pour les publics scolaires que pour ceux qui sont aux marges de l’école. Je pense en particulier aux décrocheurs et à tous ceux qui ont justement besoin d’un autre lieu que l’établissement scolaire pour construire un projet professionnel, une orientation fondée sur un autre regard que celui de l’école. Je suis aussi convaincu de leur rôle pour la coordination de l’action des psychologues de l’éducation nationale. En effet, nommer ces personnels en établissement va peut-être les rapprocher des élèves, mais aussi les isoler professionnellement. S’ils pouvaient jusqu’à présent développer un autre point de vue sur les élèves, c’était surtout parce qu’ils s’inscrivaient dans un autre collectif que l’établissement.
Une régionalisation mal achevée, des CIO au lycée dans l’incertitude, des psychologues de l’éducation nationale isolés : votre projet de loi en matière d’orientation comporte plus d’incertitudes qu’il ne mène à la grande réforme de l’orientation. De toute façon, une telle réforme est indissociable de la rénovation de la voie professionnelle de l’éducation nationale, dont on attend toujours les grands axes… Mais la présence de M. le ministre de l’éducation nationale nous permettra peut-être d’obtenir les informations que nous réclamons depuis le début de nos travaux.