Intervention de Bruno Retailleau

Réunion du 23 juillet 2018 à 14h45
Attribution à une commission des prérogatives d'une commission d'enquête

Photo de Bruno RetailleauBruno Retailleau :

Je me félicite que la commission des lois ait décidé de demander au Sénat de lui conférer les prérogatives attribuées aux commissions d’enquête. Je ne doute pas que cette demande sera acceptée à la quasi-unanimité.

L’affaire Benalla ne met pas simplement en cause un individu, un lampiste, un « bagagiste », comme l’a dit avec un sens de l’humour consommé M. Castaner ce matin. Elle met en cause nos institutions et, d’abord, l’autorité de l’État. Comment se fait-il qu’un individu déguisé en policier se retrouve au cœur d’une opération de maintien de l’ordre et tabasse des manifestants, au risque d’ailleurs de salir l’honneur de la police nationale ?

Elle blesse aussi le principe d’égalité devant la loi. On a en effet un sentiment de très grande impunité. Alors même que l’Élysée n’a pas saisi la justice, on apprend que la petite sanction de quinze jours qui a été infligée s’est ensuite doublée d’un certain nombre de cadeaux, au premier rang desquels l’occupation d’un logement de fonction quai Branly.

Se pose enfin le problème de la crédibilité de la parole publique. Le porte-parole de l’Élysée nous avait assuré que M. Benalla avait été recadré et que toutes ses fonctions à l’extérieur du Palais avaient cessé. C’est faux, puisqu’il a été reconnu au moment de la panthéonisation de Simone Veil, tout près d’ici, et au commandement, ou presque, du bus qui ramenait les Bleus jusqu’au Palais de l’Élysée. Il y a donc un problème de fonctionnement de nos institutions.

Cette affaire révèle une pratique institutionnelle qui n’est pas acceptable. Le pouvoir d’un seul peut très vite se transformer en pouvoir arbitraire.

Nous sommes dans une République, avec toutes les exigences que cela induit. Cette affaire, bien sûr, entre en résonance avec la révision constitutionnelle, au moment où elle allait nous être soumise, parce qu’elle nous interroge tous sur ce que nous voulons pour la démocratie et pour la République. Voulons-nous concentrer un peu plus les pouvoirs entre les mains d’un seul homme ou avoir des contre-pouvoirs, au premier rang desquels un Parlement debout, sur ses deux pieds, avec un bicamérisme dont on voit bien qu’il assure ici la continuité, notamment, de la République et des pouvoirs, un véritable bicamérisme avec un Sénat en mesure de faire valoir sa responsabilité et ses droits ?

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