Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, chargé d’une mission sur l’aménagement aéroportuaire du territoire, je me suis intéressé de près à la situation de la compagnie aérienne Air France- KLM, qui connaît une crise d’une grande ampleur.
Le 4 mai dernier, dans un contexte de conflit social, le P-DG d’Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, a démissionné, à la suite de l’échec du référendum qu’il avait lui-même engagé. La difficulté est grande pour les actionnaires de trouver un P-DG pour une entreprise complexe, au dialogue social difficile.
Monsieur le secrétaire d’État, j’aborderai trois points.
Tout d’abord, je m’interroge sur l’utilité de la présence de l’État au capital du groupe privatisé Air France-KLM, car les syndicats disposent ainsi d’une arme importante. L’État a-t-il une stratégie de désengagement, et si oui, à quel terme ?
Je voudrais ensuite porter votre attention sur le problème de gouvernance d’Air France. Certes, les médias ne le relaient pas l’information, mais Air France subit actuellement une grève des bagagistes, ainsi qu’une grève de la maintenance. Entre le 15 juin et le 15 juillet dernier, quelque 84 vols ont été annulés pour cause technique et 55 vols pour manque d’équipage.
Le problème de gouvernance et de management ne se situe pas seulement au niveau de la direction. Toute l’entreprise est concernée et souffre d’un manque d’anticipation des formations et des départs en retraite, alors même que le personnel de l’entreprise est vieillissant.
La hausse de 6 % des salaires demandée par l’intersyndicale représente un coût trop élevé pour l’entreprise. Il y a un véritable malaise social chez Air France.
Monsieur le secrétaire d’État, quelle est la vision de l’État actionnaire concernant la gouvernance de cette société ? Le Gouvernement a-t-il un avis ? Ne faut-il pas aller plus loin dans la refonte de la gouvernance ?
J’aborderai enfin le défaut de stratégie globale. Air France va devoir faire face dans les prochaines années à un renouvellement de sa flotte. Beaucoup d’avions ont plus de vingt ans. Il faut investir vite, mais il s’agit d’un investissement de 1, 5 à 2 milliards d’euros.
Comment la compagnie va-t-elle financer le renouvellement de sa flotte ? Monsieur le secrétaire d’État, quelle est la stratégie de développement d’Air France ? Si nous prenons l’exemple de Joon, produit hybride dont la visibilité et l’identification sont très difficiles, il est compliqué de comprendre la stratégie mise en place.
Permettez-moi pour terminer de vous poser une question d’actualité. Alors que sont en cours les assises du transport aérien censées donner à la France les moyens de combattre la concurrence déloyale efficacement, la direction générale de l’aviation civile, la DGAC, vient de faire un cadeau à la compagnie Emirates Airlines, qui va pouvoir augmenter la fréquence de ses vols entre Dubaï et la France. Comment justifiez-vous cette décision ?