Avec le présent article, nous abordons un volet de ce projet de loi consacré à l’énergie, à travers la question de la réduction de consommation électrique dans les bâtiments tertiaires.
L’énergie est effectivement un volet essentiel de ce débat relatif au logement. Mais un point me tracasse ; plus précisément, l’absence d’une problématique centrale liée à l’énergie me conduit à m’interroger.
La grande absente de ce projet de loi, c’est la précarité énergétique. Pourtant, celle-ci est étroitement liée au logement et aux situations de précarité en général. Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique, l’ONPE, elle touche près de 5 millions de ménages en France, soit 12 millions d’individus. Elle est en lien, non seulement avec la mauvaise qualité des logements et avec la santé, mais aussi avec les prix croissants de l’énergie, facteur qui, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, l’ADEME, aggravera cette précarité à l’avenir.
À ce jour, 3, 5 millions de personnes déclarent déjà souffrir du froid dans leur logement. Or pouvoir se chauffer, s’éclairer, cuisiner, chauffer l’eau pour se laver ne doit pas devenir un luxe. L’énergie est un droit pour toutes et tous, et c’est une nécessité de la vie quotidienne.
Pour cette raison, nous sommes contre les coupures, qu’il s’agisse de l’eau, de l’électricité ou du gaz, y compris hors de la trêve hivernale.
Nous sommes pour un service public de l’énergie qui ne vise pas le profit à tout prix ; pour un service public de l’énergie qui, au contraire, garantisse le droit à l’énergie à l’ensemble de la population en préservant un équilibre entre les territoires.
À cet égard, je tiens à évoquer un sujet dont nous entendons peu parler. Je pense aux grèves qui se déroulent chez Engie, Enedis, et GRDF ; je pense aux plans sociaux en cours et aux délocalisations d’emplois déjà externalisés ; je pense au silence des directions et au relatif silence des médias – il ne faudrait surtout pas souffler sur les braises de la contestation !
Ce mouvement social traduit un élan : celui de salariés qui demandent ce service public de l’énergie, qui passent des usagers en heures creuses ou rouvrent des agences EDF, comme à La Courneuve ou à Ivry.
Dans un contexte où l’État se désengage des services publics, que ce soient les transports, le logement ou l’énergie, par exemple, par la prochaine cession de ses actifs dans Engie, ce mouvement traduit la défense, non seulement des emplois menacés, mais aussi d’un service public de l’énergie : le secteur privé ne poursuivra jamais qu’un seul objectif, le profit, et non l’intérêt général.