Madame la secrétaire d’État, je ne sais même pas par où commencer tant il y aurait à dire ! Je vous sens d’ailleurs gênée sur ce sujet véritablement problématique, car vous sentez bien qu’il y a une vraie incohérence entre vos propos, la belle communication macronienne, et la réalité.
Ce projet divise. Selon un sondage du WWF, 69 % de la population y serait opposée. Toutes les ONG le combattent, tandis que les élus locaux sont, certes, plus mitigés.
Il y a, c’est vrai, la question de l’emploi : 700 postes à la clé. Mais consacrer 420 millions d’euros à un tel projet, c’est loin d’être une bagatelle, surtout pour 700 emplois non pérennes.
Vous nous dites, madame la secrétaire d’État, que priorité sera donnée aux recrutements locaux. Mais vous ne pouvez rien imposer à une société privée. Mon collègue Franck Montaugé a posé voilà quelques instants une question sur Engie : même quand l’État est actionnaire majoritaire, vous vous refusez à agir sur l’emploi. Ne prenez donc pas un tel engagement ! Partout où des projets miniers ont été déployés, la première année, les recrutements locaux sont privilégiés, avant que les emplois soient délocalisés. En l’espèce, nul ne doute qu’on ira chercher des emplois au Suriname voisin, pour baisser le coût du travail.
Ce projet Montagne d’or, vous le savez comme moi, est une aberration. Il se fonde sur un prix de l’or très élevé. Or celui-ci suit actuellement une courbe décroissante. Si ces 420 millions d’euros étaient consacrés à des projets d’avenir pérennes, notamment dans le domaine de l’emploi, alors, vous pourriez créer plusieurs dizaines de milliers d’emplois.
On ne peut plus mentir aux Guyanais et aux Guyanaises. Je vous le rappelle, l’an dernier, il y a eu une révolte sociale inédite. Beaucoup leur avait déjà été promis. J’ai moi-même rencontré leurs représentants, en même temps que vous. Ils m’ont dit ne pas avoir vu un centime de la couleur de l’argent que le Gouvernement leur avait promis l’année passée. Voilà la réalité !
Je le répète, ce projet est une aberration : sociale, économique et environnementale. Vous êtes gênée aux entournures, madame la secrétaire d’État, car vous sentez bien qu’il y a un problème à faire partie d’un gouvernement qui a fait le choix de protéger autant le capital, de ne servir que les intérêts financiers et à court terme, alors qu’il lui faudrait promouvoir une autre société, une vraie vision de l’avenir.