Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, alors que le Gouvernement scande depuis plus d’un an que le travail et la lutte contre le chômage sont ses priorités – le Premier ministre, lors de sa déclaration de politique générale du 4 juillet 2017, avait lancé : « Travaillons pour que le chômage reflue ! » –, les annonces concernant le futur budget pour 2019 sont sombres pour l’emploi, puisque le bruit court d’une réduction de crédits de 15 % !
Cette question orale s’impose donc au vu des menaces qui pèsent sur les outils de lutte contre le chômage, parmi lesquels figurent les maisons de l’emploi.
Alors que la dotation de celles-ci avait déjà été réduite de moitié dans le budget pour 2018, la perspective de sa suppression totale pour 2019 va entraîner des réductions de moyens et des fermetures de nombreuses maisons de l’emploi.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le Sénat avait rejeté les crédits de la mission « Travail et emploi » lors de l’examen du projet de loi de finances.
Un tout récent contrôle budgétaire effectué par la commission des finances du Sénat a souligné l’extrême utilité des maisons de l’emploi. Les deux corapporteurs, de bords politiques différents, ont dressé un bilan globalement positif de leur action, jugeant que ces maisons avaient su trouver leur place parmi les acteurs de l’emploi et que leur travail était salué par l’ensemble des partenaires.
Les missions des maisons de l’emploi ne sont pas redondantes, bien au contraire. Ces structures apportent un éclairage supplémentaire et leur objet social est unique : accompagner, notamment dans les zones rurales, des populations en situation de difficulté chronique, et qui ont le plus grand mal à revenir, ou juste à venir sur le marché du travail.
La fracture numérique est de plus en plus flagrante et la dématérialisation des emplois et des offres est inaccessible pour ces populations.
Les maisons de l’emploi ont un rôle important à jouer au quotidien, y compris pour favoriser l’accès à la mobilité via l’aide à l’obtention du permis de conduire.
Il paraît donc irresponsable de détruire, par manque de soutien de l’État, cet outil de proximité, au plus près des problématiques de chaque territoire.
Je demande par conséquent à Mme la ministre du travail – une grande partie de mes collègues se joint également à cet appel –, au nom de la solidarité, le maintien de ce type de structures, et donc de leur financement.
Cet appel est d’autant plus pressant que, récemment, Mme Pénicaud a demandé à l’IGAS, l’Inspection générale des affaires sociales, de réfléchir « à une méthodologie robuste permettant d’indexer d’éventuelles baisses d’effectifs de Pôle emploi sur une décrue constatée du chômage », le chiffre de 4 000 suppressions d’emplois sur quatre ans étant évoqué par la presse.
Or le chômage, après une légère baisse à la fin de l’année 2017, ne décroît pas de façon pérenne, à notre grand regret à tous. Il a même récemment augmenté de nouveau, pour s’établir à 8, 9 % en France métropolitaine, à 11, 5 % dans ma région, les Hauts-de-France, et à 13, 2 % dans mon département, l’Aisne.
Les chiffres sont têtus, hélas. Le chômage est catastrophiquement endémique !
Supprimer les contrats aidés, asphyxier les maisons de l’emploi, envisager à terme une réduction des personnels de Pôle emploi, voilà bien des décisions prises depuis Paris, sans concertation avec les acteurs locaux, au mépris de leur expérience et de leurs capacités.
Je fais aussi une nécessaire piqûre de rappel : le taux d’illettrisme dans l’Aisne atteint 17 % !
Qu’allons-nous faire de ces jeunes et moins jeunes si les structures destinées à les accueillir, les former et les coacher disparaissent par manque de moyens ?