La première partie de ma réponse est que le CICR, avec son budget assez limité par rapport aux agences onusiennes, n'utilise pas d'intermédiaires pour mener son action sur le terrain. Il suffit d'additionner les budgets des agences onusiennes dans deux secteurs seulement, par exemple la Syrie et le lac Tchad, pour équivaloir notre budget total. Nos ressources sont assez limitées, car ce sont nos propres agents qui évaluent, mettent en oeuvre et qui vérifient que l'argent que nous recevons arrive directement à ceux auxquels il doit bénéficier. Nous ne nous contentons pas de cela. Récemment, pour respecter les objectifs de transparence dans lesquels le CICR souhaite travailler avec les pays donateurs, le CICR a demandé à ses bénéficiaires des rapports de redevabilité. Nous avons créé des systèmes dans lesquels les bénéficiaires eux-mêmes contactent nos agents et font retour sur la mise en oeuvre des actions humanitaires et leur efficacité. Nous savons ainsi ce qu'ils ont reçu ou pas. À travers ces mécanismes, nous essayons d'être le plus transparents possible. C'est d'ailleurs pour ça qu'après 150 ans nous recevrons de plus en plus le soutien des États, car le CICR est considéré comme une organisation qui parle peu et qui agit beaucoup, et qui met sa neutralité en action. Si nous devions être critiqués sur ces sujets, nous le serions directement par les groupes armés et les Etats. C'est un immense défi auquel nous faisons face, un défi de transparence et de responsabilité du CICR auprès de ses donateurs et auprès de ses bénéficiaires. J'étais moi-même en Irak pendant deux ans comme chef de délégation et ma seule préoccupation, outre la sécurité, était que les groupes armés ne détournent pas l'assistance du CICR, ne l'utilisent pas comme une arme de guerre. C'est le défi d'une organisation qui est sur la ligne de front et qui ne reste pas dans les capitales en demandant à d'autres de faire le travail sur le terrain.