On commence l'entretien par des questions générales sur le mode de vie, la situation familiale, l'emploi. On arrive progressivement à des questions sur les situations vécues pendant l'enfance, les disputes dans le couple, avant de demander si elles ont subi des violences. Les personnes interrogées comprennent au cours de la discussion à quoi nous voulons en venir, d'autant qu'on parle beaucoup plus aujourd'hui de ces sujets, qui sont médiatisés.
Ces questions sont difficiles, car certaines personnes refusent d'être considérées comme des victimes.
Sur la tranche d'âge retenue, comme pour toute enquête, nous avons été obligés de faire des choix : plus on étendra la fourchette, moins notre regard sera fin sur les spécificités liées à l'âge. Dans certains pays, des enquêtes ont porté sur la problématique de la dépendance et des violences familiales à l'égard des personnes âgées.
Les freins à la dénonciation sont variés. La personne interrogée peut ne pas vouloir aborder ces questions, notamment car elle ressent de la honte à en parler. Le fait que ces questions soient médiatisées a néanmoins un impact positif. Il peut aussi y avoir un problème d'accès : il faut être motorisé pour se rendre dans les locaux d'une association par exemple. Par ailleurs, dans les petits villages, les moindres déplacements des uns et des autres sont visibles, ce qui peut gêner la déclaration d'un fait de violence à la police. De surcroît, les réticences sont quelquefois liées à la famille, qui préfère éviter qu'une femme se rende à la gendarmerie. Il faut préserver l'honneur familial. Enfin, si la religion peut être un réconfort pour les victimes de violences, elle peut aussi être un obstacle à la dénonciation. La difficulté de parler résulte donc d'un ensemble de freins, à la fois individuels et collectifs, objectifs et subjectifs.
Si nous étendions notre enquête à Mayotte et à la Guyane, se poserait la question de l'équipement téléphonique et du réseau et il faudrait peut-être des protocoles différents, ce qui pourrait biaiser les résultats. De plus, il faut être conscient que notre protocole d'enquête est déjà complexe sur les seuls territoires sélectionnés.
L'excision est un phénomène qui commence à être analysé d'un point de vue statistique. Néanmoins, notre questionnaire ne comporte pas de mention spécifique aux mutilations sexuelles féminines.