Intervention de Fabrice Fries

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 3 octobre 2018 à 10h00
Audition de M. Fabrice Fries président-directeur général de l'agence france-presse

Fabrice Fries, président de l'Agence France-Presse :

J'ai été élu en avril sur la base d'un projet connu de tous, commenté et décrypté. Comme je m'y étais engagé, dès mon élection j'ai lancé un exercice - certes courant dans les entreprises, mais qui n'avait pas eu lieu depuis longtemps à l'AFP -, de démocratie participative, sur la base d'ateliers. Il existe en effet de très nombreux rapports sur l'AFP, mais il me paraissait intéressant d'avoir l'avis des personnels. Le projet avait été réalisé par quelqu'un extérieur à l'AFP qui s'était appuyé sur les documents publics, et je souhaitais qu'il soit enrichi voire contesté si besoin. Ces ateliers ont connu un beau succès et étaient principalement axés sur la croissance. Une synthèse des travaux a été présentée au conseil d'administration début juillet. J'ai d'ailleurs eu la satisfaction de constater que le projet sur la base duquel j'avais été élu avait été confirmé dans son ensemble par ces travaux. L'ambition de ce document est simple : clarifier la stratégie de l'AFP. En effet, il me semblait que les priorités que s'était fixée l'AFP étaient trop nombreuses - intensifier le développement de la vidéo, développer l'offre vers les entreprises, gagner des clients supplémentaires, être un acteur du sport -, et accompagnées de trop peu d'indicateurs chiffrés.

L'AFP a aujourd'hui une seule priorité : développer la vidéo et dégager 30 millions d'euros de revenus additionnels en cinq ans. L'agence dispose d'une très bonne renommée en ce qui concerne les photos et les textes. D'ailleurs, on considère souvent que l'AFP est, avec Getty Images, l'une des meilleures agences photo au monde. Elle a cependant pris tardivement le tournant de la vidéo et elle s'est laissée distancer par Reuters et Associated Press. Elle l'a depuis développé, à l'initiative de mes prédécesseurs, et devient compétitive. Nous avons ainsi récemment gagné des contrats. Pour nous, cette branche représente une chance, car elle constitue un relai de croissance. Auparavant, l'image était complémentaire du texte. Maintenant, elle devient une porte d'entrée à l'information, particulièrement chez les plus jeunes, pour lesquels le texte devient complémentaire de l'image ou de la vidéo. C'est la raison pour laquelle je suis persuadé que l'AFP dispose d'un gisement de croissance, que la vidéo peut devenir un des coeurs de métiers de l'agence. Pour cela, nous avons accéléré les investissements - et pris aussi quelques risques -, que ce soit en moyens supplémentaires pour les régies et de nouvelles équipes. Aujourd'hui, les grandes chaînes de télévision et les portails Internet s'abonnent à deux flux d'images et de vidéos. Or, il existe trois grandes agences internationales : Reuters, Associated Press et l'AFP. Nous sommes donc en concurrence avec ces derniers pour être l'un des flux retenus.

L'Agence a besoin de retrouver la croissance. Entre 2014 et 2017, elle a perdu 10 millions d'euros de recettes, en raison, principalement, de la crise de la presse. Or, il est difficile de réformer une entreprise sans croissance. J'entends les critiques de certains expliquant que je vais sacrifier le texte. Aujourd'hui il représente 43 % des revenus, la vidéo 16 % et la photo 22 %. Mon objectif est de faire passer la part de l'image de 39 % à 50 % de nos recettes en cinq ans.

En outre, nous sommes en train de développer un outil technique, mais fondamental, relatif à la présentation de la livraison des contenus. Il existe deux sites Internet : un site grand public - afp.com -, et un site pour nos clients - AFP forum. Ce site n'est pas à la hauteur de celui de nos concurrents.

Enfin, nous devons développer une nouvelle stratégie marketing et commerciale. Certes, l'ADN de l'AFP est l'information et non la vente. Mais, il est indispensable de renforcer cet axe. D'ailleurs, j'ai tendance à penser que l'une des raisons de mon élection tient peut-être à mon expérience commerciale.

Pendant plusieurs années, l'AFP n'a pas pu mettre les moyens nécessaires sur l'innovation. Or, elle est essentielle pour lutter contre les fake news, par des logiciels de décryptage et d'identification d'altération de fichiers, ou contre le piratage. La directive sur le droit d'auteur, qui comporte des dispositions sur les droits voisins, va nous permettre de suivre plus précisément nos contenus.

En résumé, nous devons retrouver de la croissance en développant la vidéo, avec un outil de présentation des contenus compétitifs et une nouvelle dynamique marketing et commerciale.

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