Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, depuis un peu plus de vingt ans, notre économie a connu une dégradation massive de son appareil productif, dans le secteur industriel en particulier.
Dans ma région des Hauts-de-France, nombre d’industries, de l’automobile au textile, en passant par la métallurgie, ont mis la clé sous la porte. Entre 2017 et 2018, le Nord-Pas-de-Calais a encore perdu 1 400 emplois industriels ; en dix ans, ce chiffre atteint plus de 70 000 emplois.
Les industries qui subsistent connaissent des difficultés ou font état de grandes inquiétudes sur leur avenir. Je citerai plusieurs exemples pour illustrer mon propos.
L’entreprise Balsan, située à Calais, est spécialisée dans la fabrication des tenues des grands corps militaires, tels que la Garde républicaine ou l’École polytechnique. Surtout, l’entreprise est titulaire du marché de l’Armée de terre. Elle détient un savoir-faire unique dont la valorisation n’est pas prise en compte dans les procédures de passation des marchés. Il existe donc un risque fort de bascule de ce marché vers une entreprise étrangère. Lors d’une dernière répétition du défilé du 14 Juillet, le général François Lecointre a déchiré sa veste d’apparat en montant dans le véhicule présidentiel : l’entreprise calaisienne l’a remplacée en moins de vingt-quatre heures.
Deuxième exemple récent, la perte de marché de Protecop au profit d’une entreprise irlandaise n’est pas pour nous rassurer. Là où dix sous-traitants français auraient pu vivre d’un marché de 300 000 gilets pare-balles – c’est d’actualité –, l’Irlandais assure sa production en Asie.
Que dire de la situation d’Ascoval, à Saint-Saulve, aciérie de près de 300 salariés qui est en redressement judiciaire depuis janvier dernier ? Deux repreneurs se sont positionnés, mais l’actionnaire principal, Vallourec, propose un tarif d’achat de l’acier produit très inférieur au prix du marché et insuffisant pour garantir le modèle économique d’Ascoval. Or l’État détient 16 % du capital de Vallourec ; il est donc en mesure de peser dans les négociations.
Pour finir avec un exemple national, je rappellerai le retard pris dans la résolution de la situation d’Alstom et les attentes fortes à l’égard de l’État, qui reste plus que silencieux, alors que des rumeurs de repreneurs chinois circulent.
Aussi, j’aimerais connaître quelles mesures le Gouvernement entend mettre en œuvre pour respecter l’engagement du Président de la République de maintenir une industrie forte et compétitive pour notre pays, afin que nos salariés puissent, selon la formule qu’il avait employée lors de sa visite sur le site d’Ascoval, « dormir sur leurs deux oreilles ».