La prise de conscience des enjeux liés à la gestion de crise face aux risques naturels en Polynésie a émergé vers la fin des années 90, époque à laquelle nous avons subi en Polynésie un cyclone dévastateur, particulièrement sur les Îles Sous-Le-Vent à Raiatea et Tahaa, avec une pluviométrie diluvienne et des glissements de terrain qui ont enseveli plusieurs personnes. Dès lors nous avons, avec les services de l'État, décidé de financer une étude qui a été réalisée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) pour caractériser les divers risques auxquels sont exposées les populations polynésiennes : les risques cycloniques avec des vents qui peuvent dépasser les 280 à 300 km/h, les inondations dues aux fortes précipitations que nous pouvons connaître, la montée des eaux liée au réchauffement climatique avec les phénomènes de houles déferlant sur les côtes, le risque de tsunami pour lequel nous avons souvent des alertes dans la zone Pacifique que ce soit à partir des côtes américaines ou à partir de la zone Asie et notamment du Japon qui est souvent impacté.
Nous avons établi des plans de prévention des risques naturels (PPRN) en Polynésie avec un zonage qui a représenté un gros travail et a concerné l'ensemble des îles et des communes de la Polynésie française. Les risques sont différents selon que l'on considère les îles basses, les atolls des Tuamotu, ou les îles hautes comme les Marquises ou l'archipel de la Société.
C'est Gaston Tong Sang, alors président de la Polynésie française, qui a initié l'élaboration des plans de prévention des risques, mais par la suite l'instabilité politique dont a pâti le territoire a empêché d'aller au bout de la démarche, si bien qu'aujourd'hui seulement deux communes ont approuvé leur PPRN : ce sont les communes de Punaauia et de Rurutu. Pour les autres communes, nous faisons tout de même application des zonages et des préconisations en matière de risques figurant sur les plans du BRGM, notamment en matière de construction. Cela pose bien des problèmes d'incompréhension au sein de la population face à l'incapacité, pour une famille, de pouvoir construire sur un terrain lui appartenant ; il nous reste à accomplir un travail important de pédagogie sur ce sujet.