Du point de vue des phénomènes cycloniques, nous sommes relativement bien outillés pour les détecter, suivre leur évolution et prévoir leur trajectoire, avec essentiellement l'imagerie satellitaire ; le satellite américain qui nous fournit les images va d'ailleurs être renouvelé à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine. Nous disposons également d'un certain nombre de stations de mesure de surface qui nous permettent d'alimenter des modèles de prévision très précis, avec des résolutions de l'ordre de 2 km. Nous sommes donc bien armés pour déceler la formation de ces phénomènes et en définir la trajectoire et l'intensité.
Sur les fortes houles, les modèles de prévision dont nous disposons aujourd'hui sont également performants. Sur le territoire, nous sommes soumis à des houles de nord et de sud, qui viennent souvent de très loin et qui sont très vigoureuses ; il est particulièrement important de bien les cibler et nous pourrions parfaire cette prévision de houle avec des relevés in situ car aujourd'hui les prévisions sont essentiellement basées sur la modélisation à partir de données satellitaires ponctuelles qui permettent de vérifier que nos prévisions de houle sont relativement correctes en amplitude et en période. Là aussi, à part des configurations locales très spécifiques qui peuvent amplifier les phénomènes de houle, la prévision est relativement bien appréhendée avec les outils dont nous disposons.
Concernant les phénomènes de fortes pluies, notamment ceux auxquels nous avons été soumis en janvier dernier, ou des événements de type orageux avec des rafales de vent très fortes, ce sont des phénomènes qui ont une cinétique extrêmement rapide, qui sont souvent très explosifs. Si nous sommes capables de prévoir qu'une zone perturbée va intéresser par exemple l'archipel de la Société dans la semaine qui vient, les modèles actuels ne nous permettent pas de prévoir des phénomènes paroxystiques, à très petite échelle, à l'intérieur de ces zones de mauvais temps. En l'absence de radar, outil qui est très largement répandu en métropole et dans les autres outre-mer, nous ne disposons pas d'outil d'observation à petite échelle, même sur la zone urbanisée de Tahiti. Nous pourrions renforcer nos moyens d'observation de trois façons : en densifiant le réseau d'observation des stations automatiques de surface - aujourd'hui nous avons une dizaine de points de mesure sur Tahiti, mais il en faudrait davantage pour bien percevoir ce qui se passe dans chaque vallée - ; en disposant d'un radar qui pourrait couvrir au moins la zone urbaine, tout le nord-ouest de Tahiti - cela nous permettrait une prévision plus fine l'intensité des précipitations à court terme - en développant enfin la composante hydrologique, direction dans laquelle l'État et le territoire se sont d'ailleurs déjà engagés - un projet ERI (étude du risque hydrologique sur Tahiti et Moorea) a été lancé en marge du contrat de plan État-pays qui vise à moderniser le réseau de mesure pluvio-hydrométrique sur un certain nombre de vallées de Tahiti et Moorea pour dessiner les contours d'un futur service d'alerte aux crues sur ces rivières. C'est un projet qui vient de démarrer, qui doit durer trois ans et pourra peut-être être prolongé : il vise à associer la composante météorologique et la composante hydrologique pour mieux prévoir ce qui se passe en aval des vallées quand nous avons ce type de phénomènes. Voilà les trois directions sur lesquelles nous pourrions travailler pour améliorer cette prévision des phénomènes pluvieux très intenses qui sont aujourd'hui les phénomènes les plus fréquents en Polynésie.