Intervention de Tearii Alpha

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 7 mars 2018 : 1ère réunion
Risques naturels majeurs — Visioconférence avec la polynésie française

Tearii Alpha, ministre des ressources primaires, des affaires foncières et de la valorisation du domaine :

Mesdames et Messieurs les sénateurs, j'interviendrai plutôt en tant que maire que comme ministre. Ce qui me préoccupe le plus est le fonctionnement de la chaîne d'alerte et la mobilisation des secours sur le territoire communal. Pour la chaîne d'alerte, nous sommes bien sûr à l'heure d'internet, 90 % de la population adulte de Polynésie a un téléphone mobile mais malheureusement toute la Polynésie n'est pas connectée à internet et au réseau mobile. Nous étions dans les îles, il y a 10 jours, avec Édouard Fritch et, par exemple à Tureia, un atoll qui est au sud de Hao et pas très loin de Moruroa, le fameux atoll du Centre d'expérimentation du Pacifique, la population se déplace à une ou deux heures de bateau sur les îles voisines où il n'y a aucune connexion internet ni réseau mobile ; le seul lien que la centaine de personnes en déplacement avaient avec Tahiti était la radio. Avec l'extrême dispersion des îles de Polynésie, le meilleur système en mode dégradé est encore la radio AM et il faut également anticiper une situation inédite telle que celle que vous avez connue à Saint-Barthélemy et Saint-Martin où tous les moyens modernes avaient été balayés et où la communication avec le reste du monde était presque impossible pendant une semaine. Dans ce type de situation, il faut penser aux dispositifs robustes.

Deuxième chose, la mobilisation des moyens. Toutes les communes ont élaboré un plan communal de sauvegarde ; si je prends l'exemple de ma commune Teva I Uta, sur 15 refuges identifiés dans le plan, 12 sont gérés par les églises et sont des lieux de culte, en dépit de la séparation des pouvoirs qui régit notre république. Or, nous le voyons à chaque événement, heureusement que ces lieux existent ! Il faut donc à ce titre que l'État contribue à leur entretien. Aujourd'hui, on parle de rénover les écoles, de construire des abris de survie, n'oublions pas de mobiliser nos moyens publics pour sécuriser ces lieux de refuges cultuels même si nous sommes dans un monde laïque.

En ce qui concerne l'alerte, le système VIAPPEL fonctionne et s'améliore d'année en année. Mais il faudrait que les élus ne soient pas les seuls à être appelés. Depuis le cyclone Irma, il y a eu le congrès des maires où un stand dédié à la diffusion des messages m'a permis de rencontrer les militaires et les services qui proposaient des solutions en mode dégradé. Pendant les périodes d'alerte et de premiers secours il est important de garder un lien avec la population et il faut trouver des systèmes robustes de diffusion de l'information. À cet égard, la disparition de la bande AM est préjudiciable.

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