Intervention de Frédéric Poisot

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 7 mars 2018 : 1ère réunion
Risques naturels majeurs — Visioconférence avec la polynésie française

Frédéric Poisot, haut-commissaire de la République en Polynésie française :

Je voudrais rebondir sur deux ou trois éléments qui ont été portés à votre connaissance, notamment sur la question des messages radiodiffusés sur bande AM. C'est un sujet qui nous a tous préoccupés, les collectivités mais aussi l'État, puisque la bande AM est un moyen de transmission sûr, et qui est le seul parfois pour certaines îles, notamment aux Tuamotu, permettant d'alerter et d'informer la population. Une décision a été prise au niveau national de suppression de la bande AM et le haut-commissaire a écrit plusieurs fois à Mme Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, en charge de ce sujet. Aujourd'hui, la question reste en suspens. C'est un point, à mon avis, important pour votre mission, si je puis me permettre. Ensuite sur les PCS, je voudrais féliciter les maires qui se sont engagés résolument dans ces démarches-là, si bien que sur 48 communes aujourd'hui, 46 sont dotées d'un plan. Deux PCS sont en cours de finalisation, avec des dispositifs d'alerte vraiment efficaces.

Nous travaillons en lien étroit avec les communes pour essayer de voir comment nous pouvons renforcer les dispositifs, améliorer les zones de regroupement, etc... J'en viens à ce qu'a dit Tearii Alpha, au mois de janvier 2017, 5 000 foyers au moins ont été touchés par les intempéries et, heureusement, les églises, je dis bien les églises, sans faire aucune distinction, étaient présentes pour accueillir et nourrir les personnes sinistrées ; rappelons que 300 à 400 personnes se sont retrouvées immédiatement à la rue. Les capacités des communes n'étaient pas suffisantes pour accueillir autant de monde. L'État, le pays et les communes, chacun dans sa zone de compétence, coopèrent étroitement parce que les problèmes qui nous sont posés ne sont pas les problèmes des uns à un moment de la crise ou des autres à un autre moment de la crise ; nous oeuvrons dès le départ main dans la main.

En matière d'anticipation, face aux trois semaines assez lourdes de précipitations que nous avons vécues récemment nous avions tiré des leçons de janvier 2017 : nous avons mis à la disposition de la direction de la protection civile (DPC) les hélicoptères inter-administration de la marine nationale, deux dauphins, détachement de la flottille 35F, pour procéder à l'identification des zones de fragilité sur l'ensemble des communes de Tahiti. Nous savons que lorsque nous avons de fortes précipitations, des zones en fond de vallées, à proximité des embouchures, sont des points de fragilité ; il y a des embâcles, parce qu'il y a des masses qui sont dans les rivières, comme le disait tout à l'heure le président, et il n'est pas aisé d'identifier leur nature et leur localisation. Nous avons effectué des repérages, échangé avec les maires et le pays, avec le ministère de l'équipement, pour aller enlever les embâcles : grâce à ce travail de prévention, les dégâts ont été limités et nous n'avons pas connu la situation de l'année dernière. Je ne peux pas dire, en toute honnêteté, que c'est la seule raison de ces moindres dommages, mais cette action en amont y a évidemment contribué et nous avons là l'illustration d'une bonne coopération de l'ensemble des moyens dont nous disposons aujourd'hui. Enfin, chaque fois que nous sommes confrontés à une crise, nous créons un centre opérationnel de crise (COD) au haut-commissariat, comme dans toutes les préfectures de France et d'outre-mer ; il est armé par l'État mais aussi par nos partenaires, c'est-à-dire les ministères polynésiens concernés, équipement et santé, et également les représentants des communes qui sont au noeud de la décision ; et nous allons ainsi beaucoup plus vite, avec une information mieux partagée. Une des particularités de la Polynésie est cependant qu'il n'y a pas de Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) ; le COD en préfecture, face à une crise, ne dispose donc pas de moyens équivalents à ce qui existe dans les départements même si nous détenons la capacité juridique à coordonner. Nous travaillons néanmoins efficacement avec les communes. Ici, en Polynésie, nous n'avons pas de centre de traitement des appels (CTA) et nous sommes en train de travailler à la création d'un CTA entre trois communes situées à l'est de Tahiti, Pirae, Mahina et Arue. Nous comptons initier un effet d'entraînement pour l'ensemble des communes de Tahiti. Ces travaux sont menés en parfaite collaboration avec les élus, les maires et le pays. L'information est le nerf de la guerre : en amont, en approche de crise, pendant et bien évidemment après la crise.

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