Intervention de Amiral Denis Bertrand

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 7 mars 2018 : 1ère réunion
Risques naturels majeurs — Visioconférence avec la polynésie française

Amiral Denis Bertrand, commandant de la zone maritime Polynésie française :

Les forces armées sont un des acteurs sollicités par le haut-commissaire en cas de catastrophe climatique et d'intervention. Nous participons à la préparation et à la prévention, d'abord parce que, comme vous l'avez rappelé, la Polynésie se caractérise par son éloignement de la métropole, son isolement au sein du Pacifique et son immensité, 4 000 km2 de terre sur 5 millions de km2 de mer. Cela veut dire que la priorité est d'être capable de réagir en autonomie avec les moyens disponibles. J'ai un régiment, des avions de transport, des hélicoptères, des avions de surveillance, de largage de colis, j'ai une compétence en infrastructure, une compétence médicale, etc... il ne me manque qu'un sous-marin. Le dispositif est cohérent et adapté ; il se modernise puisque, toujours au titre de la prévention et de la résilience, nous avons inauguré l'année dernière un nouveau PC de commandement construit aux normes anticycloniques, ce qui nous permet de garantir une continuité de la direction de nos opérations, même en cas d'événement majeur. Nous sommes dotés de moyens modernes, adaptés et adaptables, comme le bâtiment multi-missions Bougainville.

Pour une préparation pertinente, nous devons être en mesure de connaître l'immensité de ce territoire, 118 îles et atolls dont 70 % sont habités : nous nous astreignons à les visiter tous, au moins une fois tous les trois ans, de façon à tenir à jour nos propres dossiers d'informations et d'être capables de répondre à des questions telles que : y a-t-il une passe ? Peut-on poser un hélicoptère ? Quels sont les contacts à la mairie ? Il y a eu 77 escales l'année dernière en Polynésie, l'armée de terre s'est également déployée sur 39 atolls et îles polynésiennes pour travailler aux côtés des communes afin d'entretenir une bonne connaissance et une grande confiance avec les services communaux.

Notre intervention n'est pas de notre propre initiative, elle est bien évidemment sollicitée par les services du haut-commissariat selon la règle des « 4 i » que vous connaissez, et elle s'effectue aux côtés des autres administrations. Je souligne d'ailleurs que l'exercice Marara que nous avons effectué l'année dernière a mobilisé à peu près 600 militaires, dont un peu moins de 400 ont été projetés sur l'île de Raiatea à 200 km d'ici. Cet exercice a été préparé en associant les communes, les services de pompiers, la police municipale, des associations de secouristes, etc... de façon à ce qu'on entretienne cette connaissance réciproque, cette capacité à travailler ensemble et cette information mutualisée.

Je terminerai en disant que la préoccupation face aux risques cycloniques est un trait d'union entre tous les pays de la zone Asie-Pacifique : c'est vraiment une préoccupation commune et, militairement, nous sommes très engagés dans de nombreux exercices internationaux ou séminaires internationaux, qu'il s'agisse de logistique, par exemple pour mettre au point ou entretenir des procédures communes, pour se rendre mutuellement des services ou mettre en oeuvre des exercices. La France en organise un qui est majeur, dénommé Croix du sud, en Nouvelle-Calédonie : 1 700 militaires sont mobilisés provenant de nombreux pays, avec parfois 100 à 150 participants américains, une centaine d'australiens etc... 8 pays sont représentés, l'Australie, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, auxquels on pense naturellement, mais également le Chili et de petits pays insulaires du Pacifique qui, comme le rappelait le maire Gaston Tong Sang, partagent une inquiétude existentielle face à ce risque, les îles Cook, les Kiribati ou encore le Vanuatu et les îles Tonga. Le thème de l'aide humanitaire et des interventions en cas de cyclone, en anglais HADR (Humanitarian assistance disaster relief) est vraiment fédérateur pour tous les pays.

Enfin, nous avons en permanence un officier de liaison, un capitaine de vaisseau, donc de grade élevé, auprès du centre régional de coordination de l'aide humanitaire qui se situe à Singapour.

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