Intervention de Patrice Caro

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 17 octobre 2018 à 9h40
Audition de Mme Nathalie Mons présidente du conseil national d'évaluation du système scolaire cnesco

Patrice Caro :

Les inégalités extérieures à l'école couplées à celles produites par le système scolaire dessinent une carte de France présentant de réelles disparités. D'une part, l'échec scolaire serait lié à plusieurs critères cumulatifs : le revenu des parents, le logement, le statut d'emploi des parents, le chômage dans le bassin d'emploi, le niveau d'études des parents, ainsi que la taille des familles. Les académies se trouvant dans des bassins d'emplois les plus touchés par le chômage de masse depuis les années 80 - essentiellement la France dite du Nord, comme les Hauts de France, les Vosges, mais aussi quelques zones situées en Provence-Alpes-Côte-d'Azur ou en Languedoc-Roussillon - sont les plus concernées par les risques sociaux d'échec scolaire. Outre-mer, la situation est plus grave encore. Six ou sept France s'opposent en termes de risques extérieurs à l'école : si les académies de Mayotte, Guyane, Créteil ou Amiens se trouvent dans une situation difficile, d'autres académies comme celles de Rennes, Strasbourg, Nantes ou Paris, sont beaucoup plus favorisées socialement et bénéficient de l'implantation de métropoles où l'emploi des parents est plus stable.

D'autre part, les communes et les cantons connaissent des dotations inégales, s'agissant des enseignants âgés de moins de trente-cinq ans et par conséquent moins expérimentés. C'est en Seine-Saint-Denis et, plus largement, dans les départements de l'Île-de-France qui comptent chacun plus d'un million d'habitants que sont nommés les jeunes enseignants. À l'opposé, les Vosges, les Hautes-Alpes, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Orientales, le Finistère, la Manche et le Jura accueillent un nombre important d'enseignants plus âgés et stables. Cette inégalité n'est pas nouvelle ! La Guyane, entre 2004 et 2014, a connu la plus forte dégradation en termes d'effectifs d'enseignants titulaires.

Enfin, les réussites scolaires - en termes de résultats aux examens - sont toujours localisées dans les mêmes académies : Rennes, Nantes, Grenoble et Strasbourg. À l'inverse, les académies des départements d'outre-mer, d'Amiens et de Créteil enregistrent les résultats les plus mauvais. En dix ans, ce classement n'a guère évolué. Force est de constater que les académies qui connaissent le plus de difficultés socialement et économiquement ont été le moins bien dotées en ressources humaines, et en enseignants chevronnés ; cette situation se vérifie également pour le personnel non éducatif employé par le ministère de l'éducation nationale. Pour preuve, dans certains départements, il n'y a même pas de médecin scolaire !

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