Le hasard du calendrier a fait que nous participions pour la première fois à ces réunions - la dernière a eu lieu l'an dernier à l'Assemblée nationale et personne ne nous avait fait signe... - au lendemain des élections municipales et trois jours après la décision de la CJUE. Les échéances électorales en Pologne vont se succéder, avec les élections législatives en 2019 et la présidentielle en 2020. Les Polonais appliqueront la décision, mais une nouvelle loi arrivera : ils n'abandonneront pas leurs objectifs.
Il y avait un danger pendant cette réunion, qui a été évité, c'est que la France et l'Allemagne fassent la leçon à la Pologne sur l'État de droit. J'ai dit, comme toujours, qu'il n'y avait pas, d'un côté, des États parfaits et, de l'autre, des États imparfaits. Nous aussi, Français, devons tenir compte d'une décision de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) qui nous demandera de rompre les liens entre exécutif et Parquet. Sans cocorico, nous pouvions dire que nous avons de l'avance en ce domaine, mais il fallait éviter de stigmatiser.
Les Polonais défendent leur position sur le budget européen, mais le contexte ne leur est pas favorable, avec le départ d'un contributeur net, le Royaume-Uni, et l'apparition de nouvelles dépenses pour la protection des frontières ou l'Erasmus des apprentis. Il est certain que la PAC et les fonds de cohésion leur seront moins profitables. Mais ils sont - et resteront - à des niveaux considérables. Le président de la commission des affaires européennes du Bundestag Gunther Krichbaum a fait remarquer que cette politique avait porté ses fruits et qu'il était normal, dès lors, qu'elle soit moins intense qu'auparavant. J'ai expliqué aux Polonais, qui en ont été surpris, que nous avions eu peur de perdre la PAC et les fonds structurels lors de leur adhésion avec les autres pays d'Europe centrale et orientale. Je me souviens que Michel Barnier, alors commissaire européen chargé de ces questions, nous avait dit, à Yann Gaillard et à moi, que cela s'était joué à une voix au sein de la Commission.
La Pologne compte 37 millions d'habitants, ce n'est pas rien. L'Union européenne sort petit à petit de l'unanimité ; ils pèseront dans les votes, davantage que des pays de 500 000 ou d'un million d'habitants. C'est donc très important de dialoguer.
La réunion fut très courte, mais utile, comme l'avait été notre précédente rencontre aux Pays-Bas - pays de 17 millions d'habitants qui prendra bientôt le leadership des pays du Nord et des pays Baltes.