Intervention de Stéphane Ravier

Réunion du 6 novembre 2018 à 14h30
Lutte contre la manipulation de l'information — Discussion générale commune

Photo de Stéphane RavierStéphane Ravier :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, qu’il me soit permis d’avoir une pensée pour les victimes de l’effondrement d’immeubles survenu à Marseille, en particulier pour les deux personnes retrouvées décédées – en espérant vivement que le bilan ne s’alourdira pas davantage à mesure que les marins-pompiers de Marseille progresseront dans leur action.

On entend et on lit tout et n’importe quoi au sujet des fake news. Il faut donc remettre les choses à leur juste place. Ce que l’on appelait autrefois, dans l’ancien monde, quand la France était francophone, les racontars, cela a toujours existé. Récemment encore, ces racontars n’ont pas empêché Emmanuel Macron d’être élu Président de la République. À moins qu’ils ne le lui aient permis – vous voyez, mes chers collègues, que, à force de voir des fake news partout, on finirait presque par douter de la sincérité des urnes…

La réalité, quelle est-elle ? Une étude conjointe du CNRS et de l’École des hautes études en sciences sociales révèle que, sur 6 millions de tweets analysés, 0, 081 % d’entre eux seulement comporte un lien référencé comme une fausse information. De toute évidence, il y a davantage de rumeurs et de manipulations dans Libération et dans l ’ Humanité, pour ne citer qu’eux, que sur les réseaux sociaux !

À vrai dire, il n’y a pas de fumée sans feu. Si certains répandent de fausses informations, c’est peut-être que les politiques hésitantes, mais toujours contraignantes du Gouvernement déboussolent nos compatriotes, qui n’accèdent pas à l’esprit complexe, pour ne pas dire tourmenté, d’Emmanuel Macron, et que, forts de ce constat, certains sont tentés de penser que la vérité est ailleurs.

Ce texte participe d’un climat délétère de dérives liberticides d’un pouvoir qui, après seulement dix-huit mois d’exercice, est déjà à l’agonie. On ferme les réseaux sociaux des militants politiques qui ne pensent pas comme il faut, contre toute règle de droit. Vexations, intimidations et mises en examen sont largement relayées par le tribunal médiatique, dont certains organes n’ont rien à refuser au locataire de l’Élysée. De Fillon à Mélenchon, en passant par Marine Le Pen et le Rassemblement national, on persécute les partis politiques d’opposition.

Sur le plan juridique, il existe déjà la plainte pour diffamation, cette dernière étant l’imputation d’un fait précis de nature à porter atteinte à l’honneur et à la réputation. Mes chers collègues, que voulez-vous de plus ?

En réalité, vous cassez le droit en vigueur. Finie la justification d’un fait précis : ce texte permettra de supprimer des contenus de manière aléatoire. C’est ce qu’on appelle museler l’information, et, effectivement, cela sent curieusement les années trente !

Ce texte vague et largement interprétable n’est pas acceptable. Il représente un danger pour nos libertés institutionnelles, pour les libertés individuelles, et, in fine, pour la démocratie.

Je crains que l’on ait pris l’habitude de vouloir museler le peuple et son droit à défendre ses aspirations profondes, aujourd’hui sa volonté de tourner la page du prétendu nouveau monde – le plus grand fake politique des dix dernières années !

Il est pourtant légitime que le peuple aspire à un réel changement, quand vous vous contentez de coups de com’ pour tenter de sauver l’ultralibéralisme et l’impérialisme de Bruxelles.

Qu’il me soit permis de dénoncer cette fake news lancée en son temps par François Mitterrand et reprise aujourd’hui par l’actuel Président de la République : non, le nationalisme, ce n’est pas la guerre ! Comme la Seconde Guerre mondiale, la Première Guerre mondiale, dont nous fêterons dans quelques jours le centième anniversaire – l’anniversaire de la victoire –, trouve son origine dans la finance apatride et l’impérialisme, non dans le nationalisme.

Revenons donc aux débats de fond et, plutôt que d’empêcher, de fermer et de supprimer, libérons et confrontons la diversité d’opinions, terreau indispensable à la liberté démocratique !

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