Intervention de Max Brisson

Réunion du 6 novembre 2018 à 14h30
Lutte contre la manipulation de l'information — Question préalable sur la proposition de loi

Photo de Max BrissonMax Brisson :

M. le ministre ayant mobilisé l’Histoire, je voudrais le faire à mon tour.

Tout d’abord, je pense très sincèrement que, par principe, il ne faut toucher à nos libertés que d’une main tremblante. Les lois qui encadrent notre liberté d’expression ont été écrites patiemment et n’ont jamais été des lois de circonstance, sauf dans les pires moments de notre histoire. Et ces lois suffisent largement !

Je suis assez stupéfait du manque de recul historique dont on fait preuve dans les débats touchant à notre société.

Monsieur le ministre, pensez-vous vraiment qu’il y a quarante, cinquante ou soixante-dix ans, les puissances étrangères n’interféraient pas dans la vie politique de notre pays ? Il n’y avait pas besoin d’internet pour cela !

Pensez-vous que, il y a cent ans ou davantage, de fausses nouvelles ou des arguments fallacieux n’étaient pas diffusés chaque jour par des journaux qui, à l’époque, étaient publiés matin et soir par millions et vendus grâce à des crieurs à la volée ? Les fausses nouvelles se sont toujours propagées. La grande peur de l’été 1789 n’avait pas besoin d’internet.

Une proposition de loi de circonstance ne peut s’inscrire dans la lignée des grandes lois de la IIIe République, celles des années 1880, ces grands textes qui, dans notre pays, ont certes encadré la liberté, mais ont d’abord et avant tout cherché à la protéger. Cette proposition de loi de circonstance s’inscrit dans un contexte de pensée unique dans lequel, finalement, on dit le vrai et le faux. Et on limite la liberté d’expression avec la volonté, non pas de protéger les libertés, mais de beaucoup trop les encadrer.

Certes, il faut trouver des solutions pour que les grandes plateformes soient soumises aux lois de la presse, mais ce n’est pas ce que votre proposition de loi prévoit ! Je vous demande donc, monsieur le ministre, de bien écouter le Sénat, car ce dernier, en votant une motion tendant à opposer la question préalable, s’inscrit dans une histoire où toutes les lois encadrant les libertés cherchaient d’abord à les protéger pour que nous restions un pays de liberté !

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