J’interviens au nom de mon collègue Éric Bocquet.
Pour ce qui concerne les ports, la majeure partie des échanges entre le Royaume-Uni et le continent passe par le nord de la France. Les chiffres pour 2017 du trafic franco-britannique dans la zone de Calais et de Dunkerque parlent d’eux-mêmes : plus de 30 millions de passagers, 4, 2 millions de poids lourds, 73 000 autocars traversent la Manche par les ferries, et 51 000 autocars empruntent le tunnel.
En 2017, ce sont 745 millions de tonnes de marchandises qui ont transité par les ports du nord de la France. À cela s’ajoute le fret express – je pense à Amazon ou à eBay –, qui passe par le Royaume-Uni avant d’arriver sur le continent. Or, aujourd’hui, les ports français n’ont ni la place ni les équipements pour effectuer les contrôles douaniers de poids lourds.
Encore une fois, si nous comprenons la nécessité d’assouplir le droit existant afin de répondre à l’urgence, il faut noter que les moyens financiers manquent. Cela n’est pas nouveau : la Cour des comptes, faisant dans son rapport annuel de 2017 le bilan de la réforme portuaire de 2008, pointait, en dehors de la question du Brexit, la faiblesse de nos ports, liée à un manque de vision claire mais surtout d’investissement.
Elle rappelait que la répartition des crédits de l’État devrait cibler les investissements dans les grands ports maritimes soumis à un réel enjeu de compétitivité à l’égard des ports voisins de la mer du Nord.
Bien qu’il s’agisse d’un enjeu national important, cela n’a pas été fait. C’est cette inaction de l’État que nos ports paient aujourd’hui. Dès lors, comment expliquer que le Gouvernement n’ait pas jugé nécessaire de prévoir un fonds de réserve spécifique pour parer au défi logistique du Brexit, à l’image de ce qui a pu être fait au Danemark, par exemple ?