Mes propos rejoindront ceux de mes collègues Nathalie Delattre et Marie-Pierre Monier.
Effectivement, pour nos agriculteurs, le compte n’y est pas ! La perte par rapport au dispositif actuel s’élèvera à 189 euros par mois et par un salarié. Or les exploitants alsaciens ont de gros besoins en main-d’œuvre. Plus petites que la moyenne française, leurs exploitations ont beaucoup diversifié leur production, avec des cultures à forte valeur ajoutée comme l’asperge, le houblon, le chou à choucroute, la vigne. La main-d’œuvre représente 40 % de leurs coûts de production. C’est le cas, par exemple, pour la production de pommes. Quant à l’agriculture biologique, elle nécessite le double de main-d’œuvre, voire le triple.
Vous comprendrez donc que la suppression du dispositif actuel représente pour nos agriculteurs un coup de massue, d’autant qu’il résultait d’une initiative alsacienne destinée à limiter les distorsions de concurrence avec l’Allemagne, où le coût du salaire horaire est beaucoup plus bas. Cette suppression revient à ôter toute compétitivité à nos exploitations.
À titre d’exemple, le marché français de l’asperge a chuté de 56 % en 2018, quand le marché allemand progressait de 12 %. À l’échelle de la région Grand Est, où l’on dénombre quelque 155 000 contrats de saisonnier par an, la perte atteindra environ 20 millions d’euros. Cela montre que l’on ne peut pas appliquer des mesures de manière uniforme : les territoires ont tous leur spécificité, ils sont tous singuliers, et il faut veiller à ne pas les appréhender via le même prisme, au risque de les étouffer complètement. Or c’est exactement ce que fait le Gouvernement par le truchement de cette mesure.